La contraception d’urgence : 10 ans après, informer encore et toujours…
28 mai 2009
En mai 1999, la France devenait le premier pays au monde à autoriser la contraception d’urgence en vente libre (le NorLevo en l’occurrence). Dix ans plus tard un constat s’impose : malgré sa facilité d’accès, celle que l’on appelle aussi et improprement la « pilule du lendemain » reste très largement sous-utilisée dans notre pays. En cause semble-t-il, la mauvaise perception du risque de grossesse. Explications.
Une sous-utilisation. Les spécialistes estiment à 24 millions par an, le nombre de rapports sexuels à risque liés à une mauvaise utilisation de la pilule contraceptive ou du préservatif. Dans le même temps pour l’année 2008, seulement 1,2 million d’unités de contraception d’urgence ont été délivrées. Comme l’explique Caroline Moreau, épidémiologiste à l’INSERM, « cette sous-utilisation est la principale explication au fait que la contraception d’urgence n’ait pas eu de véritable impact sur le taux de grossesses non désirées et d’IVG ». Leur nombre en effet, dépasse toujours 200 000 par an en France.
Pourtant, les femmes connaissent l’existence de la contraception d’urgence. Dans l’étude de cohorte Cocon (2 863 femmes suivies sur la période 2000-2004), les auteurs ont interrogé celles sous pilule pour savoir si elles avait recours à « l’urgence ». Au final, les deux tiers ont fait part d’au moins un oubli lors des 6 mois précédents… mais seules 6% avaient eu recours à la contraception d’urgence. Et pourtant plus de 8 femmes sur 10 affirmaient la connaître…
Mauvaise évaluation du risque de grossesse. « Cette faible utilisation est liée à une sous-estimation du risque de grossesse », poursuit le Dr Elisabeth Aubeny, gynécologue et présidente de l’Association française pour la Contraception. « Les femmes ignorent qu’elles peuvent être enceintes tout au long du cycle, et non pas seulement autour du quatorzième jour ». Résultat, en cas d’oubli de pilule ou de problème de préservatif, elles recourent trop rarement à la contraception d’urgence car elles se pensent « à l’abri » d’une grossesse éventuelle…
Ce constat concernerait particulièrement les plus de 25 ans. « Elles semblent moins bien informées que les plus jeunes. Pourtant, elles sont tout aussi concernées », reprend Caroline Moreau. Celle-ci confirme en effet que le recours à la contraception d’urgence est plus fréquent parmi les moins de 25 ans.
Améliorer l’information. Pour cette spécialiste, « il faut donc développer les campagnes d’information envers toutes les femmes. L’objectif est de les aider à reconnaître les situations où elles s’exposent à un risque de grossesse non prévue ».
Ce devoir d’information revient également au pharmacien, placé en première ligne dans la délivrance de cette contraception. Mais « l’information du pharmacien aussi doit être améliorée » ne cache pas le pharmacien Jean Lamarche, du Conseil national de l’Ordre. A ses yeux, il serait par ailleurs opportun d’en finir avec l’expression pilule du lendemain. « Elle fait des dégâts, à tel point que de nombreuses femmes et jeunes filles ignorent que cette contraception d’urgence est efficace dans les 72 heures qui suivent un rapport sexuel non protégé. Et pas seulement le lendemain ». Même s’il est vrai que le pic d’efficacité se situe dans les premières 24 heures.