La contraception d’urgence plus accessible
22 septembre 2010
Efficace jusqu’au 5ème jour après un rapport sexuel non ou mal protégé, la dernière génération de pilule contraceptive d’urgence (à laquelle certains spécialistes font référence en parlant de contraception de rattrapage) sera désormais prise en charge par l’Assurance-maladie.
Commercialisée sous le nom d’ellaOne®, elle sera donc remboursée à hauteur de 65%. C’est bien plus qu’une décision à caractère économique. « Le remboursement d’un médicament est toujours important, c’est une garantie psychologique pour le public quant à son efficacité et sa sécurité », souligne en effet le Dr Christian Jamin, gynécologue-endocrinologue à l’hôpital Bichat de Paris.
« Cette pilule représente un réel progrès par rapport à l’ancienne génération (de contraception d’urgence, n.d.l.r.). Elle est en effet beaucoup plus efficace car elle agit même lorsqu’elle est prise immédiatement avant la date d’ovulation. C’est-à-dire lorsque la femme est à son niveau de risque maximum de grossesse ». Sans oublier qu’elle est efficace pendant les 120 heures suivant le rapport ou en cas d’échec d’une autre méthode contraceptive. Soit un gain de 48 heures par rapport aux générations précédentes. La revue scientifique de référence The Lancet, a en effet publié des travaux démontrant qu’en comparaison avec le seul lévonorgestrel, ellaOne® réduit de 42% la probabilité d’une grossesse dans les 3 premiers jours après un rapport à risque.
Autre différence de taille, cette contraception de rattrapage est uniquement disponible sur prescription médicale, et non en accès direct. « Personne ne remet en cause l’accès direct à un médicament, surtout dans un contexte d’urgence. Mais finalement le fait que les médecins reviennent dans le dispositif de prévention des grossesses non désirées, est réellement une opportunité » approuve Christian Jamin. L’urgence pourtant, n’attend pas. Une femme qui vient d’avoir un rapport à risque a immédiatement besoin d’une contraception de rattrapage. Pour notre interlocuteur, « si le corps médical veut prendre en mains ce sujet, cela signifie que le médecin doit prescrire cette contraception à l’avance. Et ce sera l’occasion pour lui, d’expliquer dans quelles circonstances il existe un risque. Et surtout ce qu’il convient de faire dans ce cas. Le retour de la médecine est sûrement une bonne chose car elle est synonyme d’explication, d’information, de conseil… »
Rappelons que si la France est un des pays où la contraception régulière est la plus utilisée, le nombre des interruptions volontaires de grossesse, lui, ne diminue pas : près de 200 000 chaque année depuis 2001. Le dernier rapport de l’IGAS sur la question, indique pour sa part que la contraception d’urgence est encore sous-utilisée dans notre pays. Il s’en vend chaque année 1,2 million d’unités seulement, alors que le nombre des rapports à risque est estimé entre 10 et 24 millions. En cause notamment les périodes de changement de contraception, les retards dans la prise d’une nouvelle plaquette et les oublis de pilule, encore très fréquents : 1 femme sur 5 saute une ou plusieurs prises au moins une fois par mois !
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Source : Interview du Dr Christian Jamin, 10 septembre 2010, Rapport IGAS, février 2010, The Lancet, 29 janvier 2010.