La dépression, une maladie neurotoxique
17 octobre 2014
La répétition des épisodes de dépression pourrait endommager le cerveau ©Phovoir
Selon un travail mené par des équipes de l’INSERM, les épisodes de dépression pourraient altérer les fonctions intellectuelles de manière pérenne. D’autant plus s’ils ne sont pas pris en charge. Pour les auteurs, il paraît donc essentiel de prévenir les rechutes. Explications.
La dépression est une maladie fréquente qui touche au moins 10% de la population française. Si les différentes prises en charge médicamenteuses comme psychothérapeutiques ont démontré leur efficacité, le risque de rechute reste élevé. Et ceci même plusieurs années après la rémission.
Ce sont justement les conséquences de ces rechutes qui inquiètent les médecins. S’il est désormais prouvé qu’il existe un déficit psychomoteur chez les patients déprimés, jusqu’ici rien n’indiquait que cette altération pouvait persister après l’épisode dépressif.
La dépression, une maladie qui s’aggrave avec le temps
Pour en savoir plus, l’équipe de Philipp Gorwood (Unité INSERM 894) a mené une étude chez plus de 2 000 patients ayant connu entre 1 et plus de 5 épisodes dépressifs au cours de leur vie. Afin d’évaluer leurs capacités cognitives, ils ont mesuré la rapidité à exécuter un test simple. Ce dernier consistait à relier des cercles numérotés et placés dans le désordre sur une feuille.
Juste après une première dépression, le temps nécessaire pour réaliser ce test était de 35 secondes. Mais chez les patients ayant vécu plus de deux épisodes, ce temps s’était considérablement allongé, passant à 1 minute et 20 secondes. « Plusieurs autres variables sont potentiellement explicatives (âge, niveau d’étude, activité professionnelle). Mais si on ajuste ces paramètres, nos résultats restent extrêmement robustes », explique Philipp Gorwood.
Avec son équipe, ils sont les premiers à démontrer aussi simplement les effets « neurotoxiques » de la dépression. Ce constat conforte également les observations quotidiennes des médecins et les conclusions de précédentes études épidémiologiques, à savoir que la dépression est une maladie qui s’aggrave avec le temps.
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Source : European Neuropsychopharmacology, 13 octobre 2014
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Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon