Maladie du foie gras : une pandémie méconnue des Français

04 décembre 2025

Selon une enquête de l’IHU ICAN, fondation cardiométabolique et nutrition, les Français sont très peu nombreux à connaître la stéatose métabolique hépatique. Caractérisée par un excès de graisse dans le foie, cette affection touche près d’un adulte sur cinq et peut évoluer vers la cirrhose ou le cancer.

Diabète de type 2, obésité, hypertension artérielle, dyslipidémies, stéatose métabolique hépatique… Toutes ces affections appartiennent à la famille des maladies cardiométaboliques (MCM). Selon la Fédération française des diabétiques, ces maladies sont la deuxième cause de décès dans la population générale en France et la 1ère cause de décès chez les femmes. Pourtant, selon le troisième baromètre annuel Ifop pour l’IHU ICAN, centre de recherche sur les maladies cardiométaboliques, la méconnaissance des Français concernant ces pathologies persiste. Ainsi, 30 % d’entre eux ont déjà entendu parler des maladies cardiométaboliques mais seulement 6 % savent de quoi il s’agit.

Exemple éloquent avec la stéatose métabolique hépatique, ou MASLD (Metabolic dysfunction-Associated Steatotic Liver Disease), et son évolution vers sa forme grave inflammatoire, la MASH (stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique). Seulement 3 % des 30 % de répondants qui affirment connaître les maladies cardiométaboliques identifient la stéatose métabolique hépatique comme en faisant partie. Ils sont 34 % à l’identifier lorsque la maladie est citée dans une liste de MCM. 16 % la citent comme l’une des MCM qui les inquiètent le plus, loin derrière les maladies cardiovasculaires (71 %), l’hypertension artérielle (45 %), le diabète (37 %) et l’obésité (19 %).

L’une des premières causes de greffe du foie

Pourtant, la MASDL touche un adulte sur cinq en France. Il s’agit d’un excès de gras dans le foie (lorsque les cellules du foie contiennent plus de 5 % de graisses). Cette maladie n’est pas nécessairement grave mais si la graisse continue de s’accumuler, une inflammation finit par s’installer, c’est l’hépatite. On parle dans ce cas de MASH. L’inflammation ne disparaît pas et va s’aggraver avec le temps pour se transformer d’abord en fibrose du foie, avec un risque d’évolution vers sa forme la plus grave, la cirrhose, associée à un important risque de développer un cancer hépatocellulaire (10 à 20 % des cas). Ainsi, la stéatose hépatique figure désormais parmi l’une des premières causes de greffe du foie.

D’abord totalement silencieuse, la stéatose métabolique hépatique, étroitement liée au diabète, à l’obésité et à la sédentarité, illustre le dialogue, désormais documenté, entre les organes et notamment le dialogue cœur/foie, note l’IHU ICAN. Ainsi, selon une étude menée auprès des patients de la clinique MASH (AP-HP/IHU ICAN), 30 % des patients suivis avec une stéatose sans maladie cardiovasculaire avaient un risque élevé de survenue d’une maladie cardiovasculaire.

« La stéatose métabolique hépatique est aujourd’hui une maladie silencieuse mais potentiellement grave, encore largement méconnue du grand public. Il est essentiel d’informer les Français sur ses facteurs de risque et ses complications possibles — inflammation chronique du foie, cirrhose, voire cancer — afin de favoriser un dépistage précoce et une prise en charge adaptée avant qu’elle engendre des complications irréversibles », commente Raluca Pais, hépato-gastroentérologue (AP-HP) et clinicienne à l’IHU ICAN.

Pour une meilleure sensibilisation à cette maladie

Ces facteurs de risque sont le surpoids, les maladies cardiométaboliques, un régime alimentaire déséquilibré, la sédentarité et le manque d’activité physique. On peut aussi retrouver certains facteurs génétiques. Selon la société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE), la prévalence de la stéatose hépatique était de 18,2 % en France en 2020. « Environ 220 000 personnes auraient une fibrose avancée pré-cirrhotique ou une cirrhose. Des projections estiment que ce nombre va plus que doubler d’ici à 2030, et que les complications de cirrhose ainsi que les carcinomes hépatocellulaires liés à la stéatose hépatique non alcoolique vont tripler à cet horizon. Les personnes diabétiques, en surpoids ou souffrant d’affections liées au syndrome métabolique sont particulièrement à risque. »

L’enquête IFOP/IHU ICAN révèle les attentes des Français pour faire face à cette pandémie silencieuse : 59 % d’entre eux souhaitent davantage de sensibilisation aux modes de vie (alimentation, activité physique, dépistage), 43 % appellent à une formation renforcée des professionnels de santé, et 32 % souhaitent un soutien accru à la recherche.

  • Source : 3e édition du baromètre annuel IHU ICAN réalisé avec l’IFP, la Fédération française des diabétiques, la SNFGE.

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche

Destination Santé
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