La faim nous mène par le bout du nez
11 février 2014
Nos pulsions alimentaires sont-elles gérées par notre odorat ? ©Phovoir
La faim jouerait-elle avec nos sens ? Assurément si l’on en croit les résultats d’une étude parue dans la revue Nature Neuroscience. Des chercheurs français sont en effet parvenus à démontrer comment le système cérébral qui contrôle la prise alimentaire agit sur notre perception des odeurs…
Vous avez faim ? Saviez-vous que dans pareille situation certains de vos sens devenaient à fleur de peau. C’est le cas notamment de… l’odorat qui nous pousserait à nous alimenter. Et parfois même à nous jeter sur la nourriture.
Des chercheurs de l’unité INSERM 862 (NeuroCentre Magendie de Bordeaux) ont percé le mystère de cette exacerbation sensorielle. Ils sont ainsi parvenus chez la souris, à remonter ce mécanisme enclenché au niveau du système endocannabinoïde. Niché au cœur du cerveau, ce dernier rassemble des récepteurs (les CB1) impliqués dans la survenue de sensations comme l’euphorie, l’anxiété ou la douleur. Il est également – comme son nom l’indique – sensible aux substances cannabinoïdes, comme le cannabis.
Vers une meilleure prise en charge de l’obésité ?
Ces récepteurs CB1 contrôlent tout un circuit qui met en relation le bulbe olfactif (la première région du système nerveux à traiter l’information olfactive, situé au-dessus du nez) et le cortex olfactif (les structures supérieures du cerveau).
Quand la sensation de faim est ressentie, elle active les récepteurs cannabinoïdes qui mettent en route le circuit olfactif. En clair, lorsque nous avons l’estomac dans les talons, notre cerveau met tout en œuvre pour que nous soyons davantage sensibles aux odeurs.
« C’est donc ce mécanisme biologique qui provoque l’augmentation de l’olfaction pendant la faim et qui explique une des raisons de la prise alimentaire et de l’attirance pour la nourriture » analysent les auteurs. « On peut supposer que chez les patients obèses ou anorexiques, ce circuit est altéré. La sensibilité aux odeurs va être plus ou moins forte par rapport à la normale. L’élucidation du mécanisme biologique permettra à long terme une meilleure prise en charge de ce type de pathologies. »