La fatigue pandémique s’en ira-t-elle avec l’été ?
03 juin 2021
Définie par l’Organisation mondiale de la Santé comme une réaction normale face à l’obligation de respecter des mesures restrictives sur le long terme, la fatigue pandémique se manifeste notamment par un épuisement psychique. Et elle a des conséquences néfastes sur la santé mentale. Malgré l’allégement de certaines mesures, la crise n’étant pas terminée, cette fatigue risque bien de s’installer sur le long terme…
Ne plus en pouvoir de porter un masque en permanence, avoir du mal à maintenir la distanciation sociale, être fatigué de se restreindre dans ses activités quotidiennes… La fatigue pandémique correspond au fait de ne plus avoir l’énergie de mettre en œuvre la multitude de mesures restrictives décidées dans le but de lutter contre la pandémie de Covid-19. Plus la crise se prolonge, plus la fatigue s’installe. Or la pandémie, qui a désormais plus d’un an, est encore loin d’être terminée. Et ce malgré la levée de certaines restrictions en France.
Un répit à court terme ?
« C’est vrai qu’avec l’ouverture des terrasses et le soleil, les Français vont globalement un peu mieux depuis quelques jours », accorde Line Mourey, psychologue à Dijon et autrice du blog la Parenthèse psy. « Alors il se peut que la fatigue pandémique en elle-même s’allège un peu. Mais pour combien de temps ? Est-ce que cette amélioration des conditions de vie n’est pas l’arbre qui cache la forêt ? », s’interroge-t-elle. Certes la vaccination s’étend et offre un espoir de retour prochain à une vie plus normale, mais « les variants multiples qui surgissent chaque jour peuvent faire douter », estime-t-elle. Par conséquent l’anxiété ressentie au quotidien par beaucoup ne recule pas réellement. « C’est toujours très compliqué de se projeter. On vit encore toujours au jour le jour », estime la psychologue. Et surtout, « les conséquences sur la santé mentale des Français de cette fatigue pandémique sont encore très présentes ».
Des conséquences à soigner longtemps
De quoi s’agit-il ? « Troubles anxieux, burn out, épuisements, angoisses, dépressions, TOC, phobies… » La santé mentale des Français souffre énormément depuis un an. Les étudiants, les personnes âgées isolées, les chômeurs ou encore les parents solo font partie des populations particulièrement à risque. Mais chacun peut développer des troubles de la santé mentale en raison de ce contexte angoissant et durable.
Même si l’arrivée des beaux jours et la levée de quelques mesures permettent de soulager certains troubles, d’autres nécessitent une prise en charge longue et difficile. D’autant que la crise est longue. « Par exemple, un jeune qui avait l’habitude de faire du basket plusieurs fois par semaine peut développer une dépression car il a du mal à trouver son équilibre », explique Line Mourey. C’est le cas de beaucoup d’ados. « Une routine mortifère s’est installée en raison de la fermeture de nombreuses activités, comme les salles de sport, cinémas, restaurants… ». Certains ont pu « compenser ces manques mais d’autres ont eu plus de difficultés ». Et « dans certains foyers, l’absence de sas de décompression comme pouvoir aller boire un verre avec des amis par exemple, peut avoir entraîné une anxiété majeure ». Or « ces troubles ne disparaitront pas comme ça, même si tout d’un coup on n’a plus besoin de porter des masques. Ils nécessitent une prise en charge professionnelle. »
En somme, « la fatigue pandémique en elle-même disparaîtra avec les mesures restrictives », explique-t-elle. Mais les conséquences de celle-ci n’ont pas fini de peser sur la santé mentale des personnes, en France comme dans le monde.
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Source : interview de Line Mourey, psychologue à Dijon, 1er juin 2021 – OMS
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet