La fièvre hémorragique de Crimée-Congo pour la première fois détectée en France
08 novembre 2023
Des chercheurs français viennent pour la première fois de mettre en évidence la présence du virus de la Fièvre Hémorragique Crimée-Congo dans des tiques analysées dans les Pyrénées Orientales. Pour le moment, aucun cas humain n’a été détecté.
Présente sur la liste des maladies prioritaires de l’OMS, la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (ou FHCC) est une pathologie provoquée par un virus (Nairovirus) transmis par les tiques. Alors que la maladie est présente en Afrique, dans les Balkans, au Moyen-Orient et en Asie, elle pourrait se rapprocher de l’Europe, au grès des changements climatiques.
Depuis 2015, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) surveille la tique Hyalomma marginatum, un des vecteurs de la maladie. Ainsi, chaque année, au printemps, des collectes de tiques sont effectuées dans des structures équestres et des élevages bovins. Et pour la première fois « une centaine de tiques sur plus de 2 000, collectées en 2022 et surtout 2023 au printemps, se sont révélées positives à la présence du virus de la FHCC », explique le Cirad.
« Nos collectes ont montré que la tique se répartissait sur l’ensemble du pourtour méditerranéen, dans des habitats naturels ouverts plutôt secs tels que la garrigue ou le maquis », indique Laurence Vial, vétérinaire acarologue au Cirad, et spécialiste des tiques. « D’après les modèles climatiques futurs, le climat méditerranéen risque de s’étendre, en particulier dans la vallée du Rhône, et sur la côte atlantique à l’ouest, il est probable que l’aire de répartition de cette espèce s’étende. »
Prudence entre avril et juillet
Les tiques incriminées n’ayant pas d’appétence particulière pour les êtres humains, la fréquence de leur piqûre à l’être humain est supposée faible. Par ailleurs, elles sont généralement plus visibles que d’autres espèces de tiques car un plus grosses. Il est donc plus facile de les repérer et de les retirer avant qu’elles ne se fixent et se gorgent.
Les scientifiques appellent tout de même à la prudence en garrigue, maquis et zone de pâturage entre avril et juillet.
Une maladie potentiellement mortelle
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le virus peut provoquer des « flambées de fièvre hémorragique virale sévère » comme Ebola. Le taux de létalité varie de 10 à 40 %. Après une incubation de quelques jours, l’apparition des symptômes est brutale, avec de la fièvre, des myalgies (douleurs musculaires), des vertiges, une raideur et des douleurs de la nuque, des douleurs dorsales, des céphalées, une sensibilité des yeux et une photophobie (sensation de gêne provoquée par la lumière). Si pour le moment la pathologie est endémique sur le continent africain ou encore au Moyen-Orient, son arrivée en France pourrait donc devenir une réalité.