La France va-t-elle vers “un scandale de l’air contaminé” ?
25 avril 2006
“Les consultations sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics doivent (absolument) être menées dans les prochaines semaines“. Demain au petit-déjeuner, le Pr Gérard Dubois et les anti-tabac sauront quoi dire au Ministre de la Santé.
Xavier Bertrand recevra en effet toutes les associations de lutte contre le tabagisme. Parmi elles, le Comité national contre le tabagisme, dont Gérard Dubois est le Président d’honneur. “Bien évidemment nous avons été plus que troublés par la décision du Premier ministre de ne pas donner suite à la demande de 80% des Français“, commente-t-il. “Le fait d’organiser une large consultation dans les mois qui suivent correspondrait à une absence de décision. Et comme une très large majorité de Français sont convaincus de l’utilité de la protection des non-fumeurs, nous ne voyons pas très bien qui le gouvernement (cherche à) convaincre mis à part British American Tobacco, Altadis, les buralistes et quelques restaurateurs.”
Selon Gérard Dubois, les délais sont extrêmement courts. “Après le 31 mai, ce gouvernement ne pourra plus rien faire dans ce domaine. Le temps de décider, de signer, de mettre en oeuvre une campagne de communication et d’appliquer le décret dans un temps qui ne soit pas trop proche des élections présidentielles, on voit bien qu’une décision de ce type ne peut intervenir que dans les prochaines semaines“.
Si ce n’est le cas, “la non-décision du Premier ministre ouvrira la voie au scandale de l’air contaminé. Le tabagisme passif est directement responsable de 3 000 décès par an, c’est un impact de santé publique qui est de l’ordre de grandeur des accidents de circulation.”
Gérard Dubois est cependant optimiste pour l’avenir car selon lui “tôt ou tard cette décision sera prise. Car le statu-quo comme l’avait dit le ministre de la Santé, est impossible ne serait-ce que pour des raisons juridiques. En effet l’absence de décision va mettre les employeurs dans une situation extrêmement difficile. Il y a par exemple une décision de la Cour d’Appel de Rennes. Un barman refusait d’aller dans une zone fumeur. Il a été licencié, a perdu aux prud’hommes, puis gagné en appel. La Cour a reconnu que l’exposition au tabagisme passif portait atteinte à son droit à la santé et que le danger étant immédiat, il avait le droit de ne pas s’exposer à la fumée de tabac.“