La génétique est en passe de révolutionner la médecine de demain
14 juin 2004
Clonage, prion, thérapie génique… La génétique fascine et fait peur à la fois. Porteuse d’espoirs, va t-elle déboucher sur de nouvelles thérapeutiques ? Le point avec Daniel Cohen, le généticien français qui a initié le séquençage du génome humain.
La génétique fait souvent la ‘Une’ des journaux. Tapage médiatique ? On se le demande parfois, car elle est loin d’apporter des solutions de traitement aux maladies qui nous menacent… Cancers, diabètes et maladies cardiovasculaires en première ligne.
La génétique, que du rêve alors ? Non. “Une nouvelle discipline qu’on appelle la pharmacogénétique, va certainement changer la donne“, nous explique le Pr Daniel Cohen, l’un des responsables du Serono Genetics Institute qui est basé à Evry, dans la région parisienne. “Grâce à cette technique, qui consiste à analyser le génome d’une personne à l’aide de puces électroniques, il sera possible de prévoir sa réponse aux médicaments. Et donc de mieux cibler les traitements dont elle a besoin. Les progrès ne vont pas venir du jour au lendemain. Ils nécessiteront des recherches approfondies en bio statistique pour permettre la mise au point de tests rapides. Disons qu’il nous faut compter encore entre 20 et 30 ans pour que de tels outils voient le jour en routine. En revanche, ces progrès sont inéluctables. On y viendra forcément“.
Pourquoi ? Comment ? Pour ce chantre de la génomique, l’explication est simple. “On sait maintenant que toutes les maladies ont une composante génétique, même si elles ne sont pas héréditaires. Prenez deux personnes qui ont à près le même mode de vie – nutrition, qualité de l’air, exercice physique… – L’une va faire une dépression, l’autre va développer une maladie d’Alzheimer… C’est leur patrimoine génétique qui en sera responsable. Pour une même maladie – la dépression par exemple – il n’existe pas un gène impliqué mais plusieurs. Ce qui explique pourquoi différents patients répondent plus ou moins bien aux différentes classes d’antidépresseurs. Tout dépend de leurs gènes.”
Or pour Daniel Cohen, “c’est vrai pour toutes les maladies. Il n’existe pas une forme d’Alzheimer mais plusieurs. De même pour le diabète… D’où l’intérêt de la pharmacogénétique, qui se propose de prévoir l’efficacité des médicaments, au cas par cas, selon le profil génétique des patients. Une petite révolution en perspective, qui devrait aider à mieux comprendre les maladies et déboucher à terme sur de nouveaux médicaments.“
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Source : Conférence de presse organisée par le groupe Serono, Maison de la recherche, Paris, 8 juin 2004