La « griffe santé » de PSA
21 mars 2005
Une véritable politique de santé publique à l’échelle d’une entreprise ! Le premier Prix MEDEC/Destination Santé de la Mobilisation en Santé publique, dans la catégorie « Médecine du travail », a été décerné au groupe PSA Peugeot-Citroën.
«Le jury a eu l’impression que l’entreprise avait mis en place une politique de santé globale, comme peut le faire un Etat en quelque sorte» explique le Dr André Prost, président du Jury et du Conseil scientifique de Destination Santé. Un orfèvre en matière de politiques de santé publique. Il y a encore quelques semaines, André Prost était le Directeur de l’OMS chargé des Relations avec les Gouvernements et le Secteur privé. Et pendant plusieurs années il a dirigé à la Banque mondiale, le programme de réhabilitation du système de santé chinois après la Révolution culturelle. Les politiques de santé, il connaît bien ! Et PSA est bien un petit « Etat », composé de 100 000 « habitants » sur lesquels veillent 60 médecins et 210 infirmières !
Répartis dans différents services médicaux, ces hommes et ces femmes de terrain sont chargés du « Programme santé » du groupe. Un programme qui répond à cinq missions principales, définies par l’entreprise comme autant d’objectifs identifiés:
- « établir une veille sanitaire ;
- « améliorer les postes de travail pathogènes ;
- « éduquer pour prévenir ;
- « dépister pour anticiper ou traiter précocement ;
- et enfin « accompagner le salarié en cas de difficultés ». Qu’elles soient liées ou non à son activité professionnelle.
La veille sanitaire mise en place par le groupe PSA a été jugée particulièrement innovante par le Jury du Prix. Car elle est réalisée grâce à un dossier médical informatisé. Un dossier bien utile pour exercer une véritable veille épidémiologique et repérer le plus tôt possible les pathologies associées à des postes bien précis.
En premier lieu, les postes dits «lourds» c’est-à-dire ceux qui «comportent des sollicitations susceptibles d’être pathogènes à long terme» explique le Dr Nicolas Brosset, médecin coordonnateur des services médicaux du groupe. «L’entreprise a entamé une démarche de réduction de ces postes. L’objectif est de diminuer le risque de voir se développer des pathologies liées au travail, et donc de maintenir l’aptitude au travail dans de meilleures conditions».
Sur les différents sites, les campagnes de prévention se multiplient. Contre les agressions sonores par exemple. Comme celle démarrée il y a 3 ans, au sein de l’atelier d’emboutissage de Mulhouse et actuellement poursuivie dans d’autres sites. «Lors du lancement de la campagne à Mulhouse, 70% des salariés portaient des protections. Un an après, ils sont 98% dans ce cas» poursuit le Dr Brosset.
La clé de la réussite tient notamment aux outils de communication employés. «Il y avait des panneaux d’affichage bien sûr. Mais nous avions aussi réalisé des enregistrements sonores en studio qui montraient concrètement les conséquences d’une altération de l’audition».
La campagne L’alarme à l’oeil, un autre exemple de prévention des accidents des yeux, a également séduit les membres du jury du Prix MEDEC/Destination Santé. «Le contenu technique est très bon » explique le Dr André Prost. «Le matériel de communication est parfaitement adapté à la cible et le vocabulaire compréhensible par tous. Tous ces éléments sont importants dans une campagne de ce type».
Les risques professionnels, mais pas seulement…
Mais comme l’explique Nicolas Brosset, la « démarche santé » du groupe va plus loin encore. «Nous prenons en compte la santé globale des salariés. Il nous semble en effet important de sensibiliser le salarié à des facteurs de risques généraux, qui, bien qu’ils ne soient pas déclenchés par le travail peuvent à plus ou moins long terme avoir un retentissement sur sa capacité à travailler».
Campagne contre les addictions à Mulhouse, programme de sevrage tabagique à Sochaux… les exemples sont nombreux. Et de très bonne qualité, avec un investissement réel de l’entreprise. Dans le cas du sevrage tabagique par exemple, le candidat au sevrage n’assume que le tiers des coûts du sevrage. Un autre tiers est pris en charge par son employeur, et le dernier tiers par le système de complémentaire santé… La prévention des maladies cardio-vasculaires aussi est prise en compte. Des campagnes de dépistage du diabète et du cholestérol sont régulièrement organisées sur les sites de production. «Ensuite, nous orientons si besoin le salarié vers son médecin traitant».
A Rennes, le projet «Santal» a visé les 11 500 salariés présents sur le site. Neuf cent ont bénéficié d’un bilan nutritionnel personnalisé. Et 125 ont même été «coachés» par une diététicienne ! Avec des résultats concrets, puisque 86% d’entre eux ont perdu 3,2 kg en moyenne. Pour le Dr Patrick Gilbert, responsable du service médical rennais, «aujourd’hui les vrais risques encourus par nos salariés sont davantage inhérents à leur mode de vie. Voilà pourquoi il faut avoir une approche globale de la santé». Et il ne compte pas en rester là. Il planche déjà sur un programme « santé mentale » destiné à «mieux apprécier les capacités mentales de chacun». Novateur non ?