











Une pandémie, c’est en quelque sorte la guerre mondiale des épidémies. Bien plus que la peste noire, la grippe espagnole (1918-1920) aura été la plus grave de l’histoire de l’humanité. Elle avait fait entre 20 et 40 millions de morts selon les estimations. Mais cela, c’est de l’histoire ancienne. Les experts, et d’abord l’OMS, nous annoncent bien pire.
La dernière pandémie grippale remonte à la grippe de Hong Kong, en 1969. Il y a donc 35 ans que le monde n’en a pas connu. Or l’analyse des grands épidémies du XXème siècle montre que leur espacement moyen varie de 11 à 39 ans. La question aujourd’hui n’est donc plus de savoir s’il y aura une prochaine pandémie, mais de savoir quand elle aura lieu !
Semaine après semaine, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) souligne l’imminence du danger. Des chiffres synonymes d’apocalypse circulent. Le Dr Klaus Stöhr, coordinateur du Programme de l’OMS contre la Grippe, a récemment affirmé que “les estimations portent le nombre de morts entre deux et sept millions, et celui des personnes contaminées au-delà du milliard.” Toujours selon lui, ” le virus de la grippe aviaire H5N1 est certainement celui qui sera le plus à même de provoquer la prochaine pandémie. Elle pourrait commencer la semaine prochaine… ou dans les années à venir“.
A quelques semaines de là le Dr Shigeru Omi, directeur du Bureau régional de l’Asie du Sud-Est, formulait des estimations plus dramatiques encore. ” Les évaluations les plus pessimistes font état de cinquante ou même, dans le pire des scénarios de cent millions de morts “. L’alerte est chaude…
Quelques semaines pour contaminer la planète
Pourquoi un tel alarmisme ? ” Le niveau de transmission est à l’heure actuelle sans précédent “, affirme Shigeru Omi dans les colonnes du Times. Sans oublier que les conditions ne sont pas les mêmes qu’il y a 30 ans. Les transports de masse, largement démocratisés, favoriseront la propagation du virus. ” Au cours des précédentes épidémies, le virus mettait un an pour diffuser dans le monde. Mais avec la mondialisation, il n’aura besoin que de quelques semaines. ”
Voilà pourquoi l’OMS alerte régulièrement la communauté internationale. La France a déjà mis en place un dispositif de réaction en cas de pandémie. Ici comme ailleurs, les recherches sur un vaccin humain contre le H5N1 progressent.
Car selon l’Organisation, cette souche -celle de la grippe aviaire – sera certainement à l’origine de la pandémie à venir. Passé à l’homme pour la première fois en 1997 à Hong Kong, le virus n’a cessé depuis, d’évoluer. Il est de plus en plus pathogène. Il s’adapte si rapidement que les conditions d’une pandémie dévastatrice paraissent vraiment réunies. Les pires prévisions des experts évoquent d’ailleurs un véritable scénario catastrophe, le virus de la grippe aviaire se recombinant à celui de la grippe commune pour former une chimère quasiment invincible.
L’OMS s’alarme, la Chine s’inquiète, le monde tremble…
Pour le Dr Isabelle Nutall, du Département des maladies transmissibles au siège de l’OMS à Genève, une inconnue de taille demeure en effet. Quelle forme ce virus mutant prendra-t-il? “Nous avons actuellement, d’un côté un virus très virulent mais qui ne se transmet pas facilement de personne à personne, le virus de la grippe aviaire. De l’autre côté, la grippe humaine commune relativement modérée dans sa forme clinique, mais qui se transmet facilement d’une personne à l’autre. Le mutant pourrait ainsi prendre n’importe quelle caractéristique, dans le spectre qui s’étend de la grippe aviaire à la grippe humaine. ”
” La Chine prend la menace très au sérieux “, affirme Julie Hall, Conseillère de l’OMS à Pékin. D’ores et déjà, les autorités mettent sur pied un plan d’urgence. D’après le Times, elles ont repéré et balisé des zones destinées à abriter les fosses communes. Elles réfléchissent également aux différents moyens à mettre en oeuvre pour limiter l’ampleur du désastre. Comme d’empêcher les petits commerçants ruraux de pénétrer dans les zones urbaines, par exemple. Comme si la pandémie avait déjà commencé…
De son côté, l’Union européenne a déjà pris des mesures… avant de les rapporter en partie. L’interdiction d’importer, depuis les pays de la zone atteinte, des volailles vivantes et leurs viandes a ainsi été annulée. Jusqu’à quand ? Pour l’heure, les conditions sanitaires imposées à l’importation des oiseaux et volailles sont renforcées. Des précautions certes utiles, mais qui paraissent bien ténues au regard du séisme annoncé…
Source : Photo FAO-19194-P. Johnson