La lèpre : une maladie oubliée en passe de devenir endémique en Floride
26 janvier 2024
La journée mondiale de la lèpre est l’occasion de rappeler que cette maladie, encore trop stigmatisée, n’appartient pas au passé. Avec plus de 200 000 nouveaux cas diagnostiqués en 2019, une étude montre qu’elle est endémique dans l’Etat américain de Floride.
« Un voyage en Floride doit être envisagé lors de la recherche des contacts avec la lèpre dans n’importe quel Etat » des Etats-Unis. C’est ce que recommande une étude publiée en août 2023 dans la revue Emerging infectious diseases. L’article décrit le cas d’un homme de 54 ans qui s’est présenté dans une clinique de dermatologie en Floride (Etats-Unis), avec une éruption érythémateuse douloureuse et évolutive. Diagnostic : il souffrait d’une lèpre lépromateuse. Ses antécédents ? Pas de voyage à l’étranger, notamment dans des zones où la lèpre est endémique, aucun contact avec des personnes atteintes, aucune proximité avec un tatou (mammifère capable de transmettre la lèpre). L’homme a vécu toute sa vie dans le centre de la Floride.
Les preuves s’accumulent. Alors que le nombre de cas de lèpre augmente sans qu’aucun facteur de risques habituel ne puisse être mis en lumière, l’étude souligne « l’évidence croissante que la lèpre est devenue endémique dans le sud-est des Etats-Unis ». Notamment en Floride. « Alors qu’aux États-Unis, la lèpre touchait auparavant des personnes ayant émigré de zones où la lèpre est endémique, environ 34 % des nouveaux cas de patients entre 2015 et 2020 semblaient avoir contracté la maladie localement », notent les auteurs de l’étude.
L’Asie du Sud-Est, l’Afrique et le Brésil en première ligne
Les 26, 27 et 29 janvier se tiennent les journées mondiales de la lèpre, également appelée maladie de Hansen, du nom du norvégien Gerhard Armauer Hansen qui l’a identifiée en 1873. L’occasion de rappeler que la lèpre n’est pas éradiquée. Selon les chiffres de l’OMS, en 2019, 202 256 nouveaux cas de lèpre ont été enregistrés dans le monde dans 161 pays.
Elle sévit principalement au Brésil, en Inde et en Indonésie avec plus de 10 000 nouveaux cas en 2019 mais aussi au Bangladesh, en Éthiopie, à Madagascar, au Mozambique, au Myanmar, au Népal, au Nigéria, aux Philippines, en République démocratique du Congo, en Tanzanie, en Somalie, au Soudan du Sud et au Sri Lanka avec 1000 à 10 000 nouveaux cas.
Une maladie curable
La lèpre est une maladie chronique bactérienne causée par la bactérie Mycobacterium leprae. « Cette dernière semble être transmise par des gouttelettes d’origine nasale lors de contacts étroits et fréquents avec des personnes infectées et non traitées », note l’Institut Pasteur. Si la lèpre n’est pas héréditaire, elle est souvent familiale car sa transmission passe par un contact étroit et prolongé.
La lèpre progresse lentement avec une durée d’incubation de 5 ans en moyenne mais qui peut atteindre 20 ans. Elle provoque des lésions cutanées et nerveuses. « Sans traitement, ces lésions progressent et deviennent permanentes, touchant la peau, les nerfs, les membres et les yeux. On distingue deux types de lèpre : paucibacillaire (une à cinq lésions cutanées insensibles) et multibacillaire (plus de cinq lésions cutanées insensibles) », ajoute l’institut de recherche français.
Très stigmatisante socialement, la lèpre est pourtant une maladie curable dont le traitement repose sur une polychimiothérapie. Soit l’administration précoce de trois antibiotiques ; le dapsone, le rifampicine et le clofazimine. Les malades ne sont plus contagieux dès la première dose. « La lèpre paucibacillaire peut être guérie en 6 mois et la lèpre multibacillaire en 12 mois ».
A noter : la maladie de Hansen fait partie du groupe des maladies tropicales négligées (MTN), des maladies qui touchent plus d’un milliard de personnes, principalement dans les zones tropicales et les communautés les plus pauvres. Mais « négligées », car elles ne sont pas prises en compte dans les actions mondiales de santé publique. « Même aujourd’hui, alors que l’on met l’accent sur la couverture sanitaire universelle, les MTN bénéficient de ressources très limitées et sont presque ignorées par les organismes de financement mondiaux », pointe l’OMS.
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Source : OMS, Institut Pasteur, la Fondation Raoul Follereau, Emerging infectious diseases
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche