La loi Evin et le vin au coeur de la tempête !

13 juin 2004

Il y a de plus en plus de bulles dans le vin français, même si ce n’est pas du champagne. La pause estivale ne calme en rien l’effervescence des professionnels. Ils en appellent les uns à Jean-Pierre Raffarin, les autres à Rome. Le Traité, pas le Pontife.

Vin et Société, le très actif lobby des vignerons et négociants en vins, attend toujours une réponse du Premier Ministre quant à la date de remise du fameux Livre Blanc. Il est vrai qu’entre réforme du statut d’EDF-GDF, refonte de celui des intermittents et marathon de la Sécurité sociale, le locataire de Matignon a fort à faire. Mais la pression est mise et bien mise.

Le problème, c’est la liberté d’expression des producteurs, et la négociation d’éventuels assouplissements à la loi Evin. Des assouplissements que l’Académie nationale de Médecine et certains parlementaires dénoncent par avance. Il n’en reste pas moins que Vin et Société représente “240 000 actifs permanents de la filière“, comme le souligne sa vice-présidente Marie-Christine Tarby. Ce qui revient à rappeler finement -mais fermement- que certains rendez-vous ne sauraient être indéfiniment remis. Et que les réponses attendues seront le moment venu, exigées…

Plus feutrée encore -mais autrement menaçante pour le budget de la Nation- la contre-offensive qui se dessine à l’encontre des amendements 272 et 269 au projet de loi relatif à la Santé publique. Déposés par les députés Yves Bur (UMP) et Jean-Marie Le Guen (PS), ils visent à surtaxer certaines boissons alcoolisées aromatisées. Le problème ici est double.

D’une part en ce que les-dits amendements, apparemment rédigés dans le souci de ne pas heurter certains corporatismes locaux, ne permettront pas d’atteindre l’objectif de santé publique derrière lequel ils se retranchent. Votés dans l’état, ils ne toucheront que 0,3% de la quantité d’alcool consommé en France… Mais surtout, ils s’inscrivent en violation de l’article 90 du Traité de Rome prohibant les taxations discriminatoires. Voilà qui promet de belles gueules de bois. Même à jeun…

  • Source : interview du Pr. Bernard Jacquetin du service de gynécologie-obstétrique (CHU de Clermont-Ferrand), le 2 juillet 2004

Aller à la barre d’outils