
Les empreintes digitales et génétiques. « Voilà les deux grandes découvertes qui ont changé la médecine légale », explique-t-elle. Les premières empreintes digitales ont été prélevées à la fin du 19e siècle. Chaque empreinte étant unique, cette méthode est depuis, la plus couramment utilisée par la police scientifique pour l’identification de victimes, de coupables ou de témoins. Les dactylogrammes sont prélevés sur les scènes de crimes ou de délits, puis fournis aux laboratoires chargés de les analyser, et de les comparer.
Même chose ou presque, pour les empreintes génétiques, ou ADN. Découverte à la fin des années 1980, cette technique n’a cessé de s’affiner au cours des années. « Au début, nous avions besoin d’une grande quantité d’ADN et d’un énorme équipement, avec des produits radioactifs pour établir un profil génétique. Aujourd’hui, la technique est nettement simplifiée », explique Marie-Hélène Cherpin. « Nous n’utilisons plus de radio éléments. Et au lieu d’une dizaine de jours de travail plein il y a 20 ans, il nous suffit aujourd’hui de 48 heures pour établir un profil génétique ». Si la technique reste la même, elle s’affine grâce à l’évolution de la technologie, à l’apport de l’informatique et à la miniaturisation des méthodes. « Des découverte comme celles-là, il y en a une par siècle », explique notre guide…
Quelle empreinte pour le 21e siècle ?
« De nombreux scientifiques travaillent sur d’autres types d’empreintes, vocales et olfactives notamment. Mais il faudra sans doute encore de nombreuses recherches avant d’envisager une nouvelle technique d’identification de ce type », souligne Marie-Hélène Cherpin. Pourtant, rien ne semble impossible. Notre voix et notre odeur nous sont peut-être aussi uniques et exclusives que notre profil génétique. « Certains scientifiques pensent que si un chien peut reconnaitre une personne à l’odeur, c’est peut-être parce que nous avons une empreinte olfactive bien à nous ».
Encore un peu plus fou : « certains policiers rêvent que l’on puisse voir la dernière image déposée sur la rétine d’une victime d’homicide », évoque-t-elle. Un rêve ou un cauchemar ? Cette idée est encore aujourd’hui de l’ordre de la science fiction.
Des corps sortis de l’eau
Toutes ces méthodes d’identification participent à la résolution d’affaires criminelles, mais pas seulement. Elles permettent aussi la reconnaissance de corps après un accident, comme dans le cas du vol AF447 qui s’est abimé en mer le 1er juin 2009. Toutefois, l’analyse de ces empreintes n’est pas infaillible. L’immersion des corps dans l’eau de mer pendant 2 ans, peut être un frein à l’identification des victimes.
« J’ai travaillé sur des restes humains conservés dans des eaux de mer chaudes. Ce fut difficile car l’ADN était très abîmé », raconte Marie-Hélène Cherpin. En effet, les nombreuses bactéries présentes dans l’eau de mer se nourrissent d’ADN. « Mais je ne sais pas du tout dans quel état sera l’ADN des victimes de ce crash. Leurs corps étaient dans une eau très froide et à une profondeur importante. Peut-être se sont-ils mieux conservés », ajoute-t-elle.
Rappelons que le 3 juin dernier, le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA) annonçait la fin des opérations de repêchage des corps. Au total, 154 corps ont été remontés à l’air libre, alors que la catastrophe a fait 228 victimes. Leur identification est en cours. Les autres corps, trop détériorés, ne seront pas remontés à la surface.

Source : Interview de Marie-Hélène Cherpin, directrice générale du Laboratoire d’Empreintes Génétiques (LEG) du groupe Biomnis