La mort : ne pas écarter les enfants du sujet

16 février 2022

« Poser les mots. Pas de mensonge. Pas de métaphore. De l’accompagnement ». Fondatrice de Happy End, site spécialisé sur la mort, les obsèques et le deuil, Sarah Dumont insiste sur l’importance de laisser ses propres tabous de côté, lorsqu’il s’agit d’évoquer la mort avec son enfant.

Le tournant 8-9 ans. « C’est en effet à partir de cet âge qu’un enfant intègre l’irréversibilité de la mort », précise Sarah Dumont. Pour autant, et y compris avant cette période, « il faut en parler car un enfant, quel que soit son âge, ressent la douleur et la tristesse de son entourage. Lui expliquer les choses renvoie donc à une question de confiance en lui ».

Prononcer le mot mort… Les adultes ont bien souvent tendance à utiliser des métaphores du style ‘il est parti’ ou ‘il est au ciel’…  « Ces images créent du flou voire des peurs », enchaîne-t-elle. « Dire par exemple ‘il s’est endormi pour toujours’ peut engendrer des problèmes de sommeil ». Non ! « Il existe un mot – mort – et il faut l’employer », quitte également à s’appuyer sur des éléments biologiques : « son cœur s’est arrêté. Il ne reviendra plus mais il restera toujours dans notre cœur et dans notre tête ». Le cas échéant, n’hésitez pas à recourir à des livres explicatifs, par tranches d’âge.

Veillée, enterrement ? D’une manière générale, « les rituels existent justement pour aider les vivants à intégrer cette réalité, à se séparer des défunts. L’enfant y a sa place, à condition de bien lui expliquer au préalable la façon dont ça va se passer », poursuit-elle. Pour la veillée ? La personne « sera allongée dans un cercueil. Il y aura sans doute des fleurs autour. Elle sera froide, son apparence pourra sembler différente donc ne t’étonne pas, etc. » De la même façon, détaillez-lui les différentes étapes d’un enterrement. « Vous pouvez aussi lui proposer de déposer une lettre, un dessin ou un autre objet dans ou sur le cercueil. Ça lui permet de s’exprimer ». Autre conseil : « il peut être important de lui assigner un adulte référent durant la cérémonie : une personne, peut-être moins dans la peine que d’autres, disponible pour répondre à ses questions ».

Lever le tabou. Et Sarah Dumont d’ajouter : « ce sont bien souvent les parents qui créent ce malaise qui entoure la mort. Les enfants pâtissent donc de l’attitude de leurs proches par rapport au sujet. Mais aussi de celle de la société en général ». A ses yeux, « la mort devrait aussi être davantage abordée à l’école, à travers par exemple les cours de biologie, d’histoire, de français… ». Pour enfin, sortir du déni. Si vous souhaitez en savoir davantage sur le sujet, accéder à de nombreux guides et lire des témoignages, rendez-vous sur  www.happyend.life, site spécialisé sur la mort, les obsèques et le deuil. 

  • Source : Interview de Sarah Dumont, fondatrice du site www.happyend.life, le 15 février 2022

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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