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« Avant toute chose, la musicothérapie ne guérit pas », précise d’emblée Lara Wakim. « Il s’agit en fait d’une pratique de soins et d’accompagnement par la musique et les sons, sous toutes leurs formes ».
« L’utilisation de la musique dans les soins est presque aussi ancienne que l’existence de l’être humain », note la musicothérapeute. « Dans différentes civilisations, la musique accompagnait les rituels de soins. »
Aujourd’hui, de nombreuses études scientifiques pointent l’intérêt de cette démarche « non verbale ». « Des travaux ont montré que la musique n’engage pas seulement telle ou telle partie cérébrale, mais le cerveau dans sa globalité. Elle sollicite des champs extrêmement vastes et trouve toute sa place dans la lutte contre le stress, les problèmes psychologiques, les troubles neuronaux… ».
Dans la musicothérapie, il existe différents courants selon la pathologie à traiter :
« Tous les êtres humains réagissent de la même façon aux sons », continue Lara Wakim. « Nous présentons tous la même constitution cérébrale. Notre cerveau repère donc lorsque les rythmes sont rapides, lorsqu’ils sont lents… Mais une musique n’a pas le même impact d’une personne à l’autre. Il faut tenir compte de différents facteurs. Le vécu de chacun, le contexte. Dans la prise en charge de l’autisme, nous n’utiliserons pas les mêmes sons… ».
Ainsi, selon la pathologie, la musicothérapie peut être active. « On demande au patient de participer à l’activité musicale. C’est un processus créatif, qui conduit à faire des choix », précise la thérapeute. Même si, convient-elle, « l’objectif n’est pas d’acquérir une technique mais de communiquer. Les éléments musicaux (rythme, intensité…) permettent à la personne de s’exprimer… ».
La musicothérapie réceptive, elle, est basée sur l’écoute. L’objectif est d’interagir avec le ressenti. La musique va ainsi provoquer des émotions chez le patient, aboutissant à la mise en place d’un dialogue et de soins. Ce type de thérapie est par exemple retrouvé auprès de patients souffrant d’amnésie ou encore de la maladie d’Alzheimer. La musique pouvant ramener à la surface des choses enfouies…
Vous l’aurez compris, la musicothérapie n’est pas basée sur des recettes pré-établies. Elle s’adapte à la personne.
Si de nombreux pays encouragent la musicothérapie, en France, elle peine à trouver sa vraie place. « S’il y a des plus en plus de demandes d’intervenants dans les hôpitaux ou en maison de retraites, cela dépend beaucoup du bon vouloir des établissements de soins », rapporte Lara Wakim. Pour devenir musicothérapeute, cinq centres spécifiques (Universités de Montpellier Paul-Véry, de Nantes, de Paris-Descartes ainsi que les ateliers de musicothérapie de Bourgogne et de Bordeaux) délivrent un diplôme. Mais le métier n’étant pas encore reconnu, il n’existe pas de diplôme d’État. À l’issue de l’une de ces formations, le musicothérapeute peut exercer son activité en libéral ou dans le domaine hospitalier.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de la Société française de Musicothérapie, https://francemusicotherapie.fr/
Source : Interview de Lara Wakim, Co-Coordinatrice du D.U de Musicothérapie de Nantes
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet