La nicotine, voyageur rapide et cruel…
31 mai 2007
Saviez-vous qu’une fois inhalée la nicotine parvient au cerveau en à peine dix secondes ? Selon Jacques Le Houezec, vice-président du Comité national contre le Tabagisme, « la vitesse d’absorption de la nicotine par la fumée de cigarette est un paramètre clef dans la dépendance au tabac ».
Le cheminement se fait en 5 temps. « Une fois la fumée absorbée par le fumeur, elle est transportée par les particules de goudron. Elle arrive ensuite dans les alvéoles pulmonaires avant de passer dans le système sanguin. Ce n’est que dans un quatrième temps qu’elle parvient au cerveau pour finalement se fixer sur les récepteurs », poursuit Jacques Le Houezec.
Un voyage à grande vitesse donc… C’est par son action sur les récepteurs cholinergiques que la nicotine provoque la libération de nombreux neurotransmetteurs : dopamine, noradrénaline, sérotonine. « La dépendance au tabac est en partie due aux effets de la nicotine sur le « système de récompense » du cerveau. La volonté n’a pas d’emprise sur ce système, c’est pourquoi sortir d’une dépendance au tabac est très difficile. »
D’où l’intérêt des substituts nicotiniques. Ces derniers permettent à la nicotine qu’ils contiennent de pénétrer lentement dans l’organisme. Qu’il s’agisse de patchs, de gommes à mâcher ou de comprimés, elle est alors acheminée par la voie veineuse. « Il n’ y a pas d’effet ‘shoot’ », souligne Béatrice Le Maître, tabacologue au CHU de Caen. « De plus les effets délétères pour la santé des 50 carcinogènes présents dans la cigarette sont absents de ces substituts ». Ce qui va sans dire mais… peut-être mieux en le disant !
Résultat, un fumeur aura deux fois plus de chance de s’arrêter de fumer en recourant aux substituts nicotiniques qu’en se reposant sur sa seule volonté. Parlez-en à votre médecin ou votre pharmacien. Et nous reviendrons très prochainement sur les nombreuses idées reçues qui ont cours concernant les substituts nicotiniques.