La nutrition, une discipline médicale ?
28 avril 2005
Conscients que leur alimentation n’est pas ce qu’elle devrait être pour rester en bonne santé, les patients demandent de plus en plus d’informations à… leur médecin. Mais ce dernier n’a souvent ni le temps, ni la formation nécessaires pour répondre.
Une enquête Ifop-Santé réalisée auprès de 503 généralistes montre que 82% sont régulièrement sollicités sur des questions liées à l’alimentation ou la nutrition. En tête des produits alimentaires qui suscitent le plus de demandes, on retrouve logiquement les corps gras (83%), les charcuteries (74%), les produits sucrés et les fromages (74%). Et parmi les composants qui posent question figurent le sucre, le calcium, les lipides et le sel. Ils devancent le magnésium, le fer, les acides gras, les protéines, les oméga 3, les vitamines, les oligo-éléments, les antioxydants, mais aussi… les OGM et le bifidus.
Or pour le Dr Yann Huteau (Institut européen de diététique et de micronutrition), “le médecin traitant n’a pas le temps d’interroger, de conseiller et de suivre ses patients en matière de nutrition.” Selon lui, “une consultation de ce type doit durer trois quarts d’heure à une heure. Pourtant c’est essentiellement à lui que devrait revenir ce rôle. Il est bien placé car il connaît son patient, sa famille, son niveau socioéconomique, son mode de vie…”
Autre problème et de taille, le manque de formation spécifique. Pour le Dr Marie-Laure Frelut, pédiatre spécialisée en nutrition à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris, la formation devrait être beaucoup plus pratique. “Dans le programme universitaire, quelques heures seulement sont consacrées à la nutrition.” Un enseignement de surcroît, purement théorique.