La paralysie du sommeil, qu’est-ce que c’est ?
03 février 2022
Se réveiller et être incapable de bouger ou de parler : ce sont les manifestations de la paralysie du sommeil, un phénomène à la fois banal et inquiétant. Peut-il être provoqué par Omicron, comme le pensent plusieurs britanniques infectés par le variant ? Le point avec le Dr Rey, président de l’Institut national du sommeil et de la vigilance.
La paralysie du sommeil est-elle un nouveau symptôme d’Omicron ? L’interrogation est née début janvier dans la presse britannique, à la suite de témoignages de patients infectés par le variant et qui se réveillaient en pleine nuit, paniqués car incapables de bouger et de parler. Mais faut-il voir un lien entre cette soudaine paralysie et Omicron ? Un virus peut-il provoquer de tels symptômes ?
En l’état des connaissances, c’est assez peu probable, estime le Dr Marc Rey, neurologue et président de l’Institut national du sommeil et de la vigilance INSV. Car cette paralysie est un « phénomène parfaitement physiologique qui survient toutes les nuits chez tout le monde : au cours du sommeil paradoxal, nous sommes paralysés », que l’on soit infecté ou non.
Vingt secondes
Mais comment se manifeste-t-elle concrètement ? « Ce que l’on appelle la paralysie du sommeil, c’est le fait de se réveiller et de prendre conscience avant la levée de la paralysie ». Cet état transitoire dure une vingtaine de secondes seulement, mais peut paraître beaucoup plus long : « c’est quelque chose de très angoissant lorsque cela arrive pour la première fois, parce qu’on ne peut ni parler, ni bouger. On ne peut pas non plus augmenter l’amplitude respiratoire malgré l’angoisse, ni signaler cet inconfort à la personne qui partage éventuellement le lit ».
La fréquence de ces éveils alors que la paralysie n’est pas levée augmente lorsque le sommeil est perturbé, précise le Dr Rey. On peut donc supposer à ce stade que ce sont « les perturbations du sommeil liées au fait d’être positif au Covid, par exemple, [qui] font qu’on va mal dormir. On est dans une situation banale qui va majorer le risque de paralysie du sommeil, qui n’est pas un phénomène pathologique en soi ».
Le précédent H1N1
Si elle n’est pas « pathologique en soi », la paralysie du sommeil fait en revanche partie des symptômes possibles de la narcolepsie, cette maladie relativement rare (30 000 personnes concernées en France) qui se traduit « essentiellement par des accès irrépressibles de sommeil survenant plusieurs fois par jour, même en pleine activité ».
Si les causes de la narcolepsie sont principalement génétiques, certains facteurs immunologiques ont pu être objectivés par des travaux scientifiques. Ainsi, au début des années 2010, le virus de la grippe A/H1N1 et l’un de ses vaccins associés ont été incriminés dans l’apparition de narcolepsies, dont la paralysie du sommeil est l’un des symptômes.
Mimétisme moléculaire
En France, une centaine de cas de narcolepsies post-vaccinales avaient été recensés, sur 4 millions de doses injectées. « Les mécanismes pathogéniques les plus probables à ce jour reposent sur un mimétisme moléculaire entre le système hypocrétinergique et certaines protéines du virus Influenza », écrivait en 2016 le Pr Yves Dauvilliers dans le Bulletin de l’Académie nationale de médecine.
En clair, chez certaines personnes génétiquement prédisposées, l’injection aurait déclenché une réaction d’auto-immunité de même type que celle qui est à l’origine de la narcolepsie. Un mécanisme particulier lié à un virus et un vaccin spécifique, qu’on ne retrouve ni dans le virus Sars-CoV-2 et ses variants, ni dans les vaccins associés.
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Source : Interview du Dr Marc Rey, président de l’INSV – Bulletin de l’Académie nationale de médecine, juin 2016 – consultés le 21 janvier 2022
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet