La phobie scolaire : un phénomène complexe qui n’a rien d’un caprice

25 septembre 2024

Parce qu’elle est complexe et que ses origines sont diverses, la phobie scolaire peine encore à être reconnue à sa juste valeur. Souvent perçue à tort comme un simple caprice ou une simulation, elle est en réalité bien plus profonde.

Un enfant qui n’a pas envie d’aller à l’école, c’est tout à fait normal.  Tant que cela reste ponctuel. Mais les enfants sujets à la phobie scolaire sont en réelle souffrance et terrorisés à l’idée d’aller en classe.

Les manifestations de ce mal être sont alors somatiques (maux de ventre, nausées, sueurs…). Et s’ils sont malgré tout contraints à aller à l’école, ils peuvent réagir par des pleurs, des cris et une grande agitation.

D’où vient la peur ?

Le « refus scolaire anxieux » (RSA) concernerait entre 1 et 2 % des élèves, de la maternelle au lycée. « Un phénomène sans doute sous-estimé en France, faute d’indicateur précis », note l’Inserm.

En 2018, Laelia Benoit, pédopsychiatre et sociologue au Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP) à Villejuif, a lancé une vaste enquête sur « les profils et le devenir des enfants qui souffrent de phobie scolaire ». Les résultats confirment ceux précédemment identifiés dans la littérature internationale. A savoir que sur les 1 328 élèves souffrant de RSA, près de la moitié avaient été victimes de harcèlement, d’insultes ou de menaces.

Plusieurs autres facteurs liés à la différence entrent en jeu dès la primaire : les difficultés d’apprentissage (dyslexie, dysgraphie), un handicap, la précocité, des troubles autistiques, être issu d’une minorité ethnique… « Les élèves pointés du doigt peuvent, de fil en aiguille, développer une phobie scolaire », explique l’autrice.

Comment repérer la phobie ?

L’un des signes marquants de cette phobie est la disparition de toute manifestation anxieuse lors des vacances et des week-ends. Et bien sûr leur réapparition à l’approche de la rentrée. « Le repérage précoce des élèves à risque est en effet la clé car plus le diagnostic est tardif, moins l’issue est favorable », peut-on lire sur le site de l’Inserm. « Et l’enjeu est crucial : l’absentéisme est associé à un risque de moindre réussite académique, à des problèmes de santé mentale et, à terme, à une précarité économique. »

Quelle prise en charge ?

Il est important de consulter un psychologue en cas de suspicion de phobie scolaire, ou même de troubles anxieux associés à l’école. Mais aussi de s’adresser aux enseignants, afin d’échanger et de mettre en place une prise en charge efficace et bienveillante. Objectif, « offrir à l’enfant les moyens, le temps et la souplesse nécessaires à sa reconstruction et à son apaisement », rappelle l’association Phobie scolaire. Il est alors nécessaire de « s’adapter à son rythme sans vouloir lui imposer le nôtre ou celui des établissements ». Enfin, « le dialogue de ces trois entités (famille, école et thérapeutes) autour des besoins et de l’accompagnement de l’enfant, notamment au moment de la reprise en milieu scolaire, est le seul gage d’un retour progressif à une scolarité normale », assure l’association.

Un phénomène qui résonne sur la famille

Notons que la phobie scolaire bouleverse aussi le quotidien des parents, qui adaptent leur emploi du temps et recourent à des soins souvent non remboursés. « Peu de familles dépensent moins de 200 euros par mois, déplore Laelia Benoit. Un budget considérable pour les plus modestes ! » Et une charge mentale sous-estimée : les parents se sentent souvent coupables.

  • Source : Inserm - Phobie scolaire : Effet de mode ou réalité profonde ? - Association Phobie scolaire

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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