La polio : à nouveau une urgence de santé publique

05 mai 2014

Quelques mois après avoir lancé un plan en vue d’éradiquer la poliomyélite d’ici 2018, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sonne l’état d’urgence. La recrudescence du nombre de cas au Pakistan, en Syrie et encore au Cameroun et la découverte de cas importés dans d’autres pays du Moyen Orient et d’Afrique a fait l’objet d’une réunion d’urgence ces derniers jours à Genève. Une propagation internationale du poliovirus est redoutée.

« Si elle n’est pas maîtrisée la situation actuelle pourrait sonner les échecs des programmes d’éradication de la plus grave des maladies infectieuses que l’on peut prévenir par la vaccination », expliquent les représentants de l’OMS. « Une réponse coordonnée au niveau international est essentielle » face à ce qu’elle considère comme « un événement extraordinaire ».

Fin 2012, les espoirs d’éradication apparaissaient proches. De janvier à octobre, « seulement » 177 cas de poliomyélite avaient été recensés à travers le monde. C’était 500 cas de moins que l’année précédente, sur la même période.

Eradication proche en 2012…

En 2012 donc – comme c’est le cas aujourd’hui  d’ailleurs – la maladie était endémique dans trois pays : l’Afghanistan, le Nigéria et le Pakistan. A la différence d’aujourd’hui, tous les efforts étaient portés sur ces seuls états et les perspectives d’éradication étaient alors sérieuses.

Mais au fil des mois, l’OMS a multiplié les alertes et les campagnes massives de vaccination. Si bien qu’actuellement 10 pays sont concernés par la poliomyélite. Pour le Pakistan, le Cameroun et la Syrie, le risque de propagation international est très élevé. Les 7 autres étant l’Afghanistan, la Guinée équatoriale, l’Ethiopie, l’Irak, Israël, la Somalie et le Nigeria.

Des craintes en Europe

Et l’Europe ? La région est exempte de poliomyélite depuis 2002. En novembre 2013, dans la revue The Lancet, des experts du Centre européen de Prévention et de Contrôle des Maladies (ECDC) à Stockholm (Suède) alertaient toutefois sur l’éventualité d’une réintroduction du poliovirus sur le vieux continent. Leur regard était alors porté vers la Syrie où les premiers cas de polio depuis 1999 venaient de réapparaitre.

Ils expliquaient alors que de nombreux Syriens quittaient leur pays pour se réfugier – entre autres – en Europe. Là où plusieurs pays ont également un taux de vaccination très faible. A l’image de la Bosnie, de l’Ukraine et de l’Autriche…

Rappelons que la poliomyélite est une infection virale très contagieuse touchant principalement les enfants. Le virus se transmet par l’eau ou des aliments contaminés. Après s’être multiplié dans l’intestin, il envahit le système nerveux. Il peut alors entraîner une paralysie totale en quelques heures. Selon l’Institut Pasteur, « la maladie se transmettant essentiellement par voie féco-orale, les principales mesures de prévention tiennent au développement de l’hygiène. Comme il n’existe pas de traitement, la seule action médicale préventive est constituée par le vaccin ».

  • Source : OMS, 5 mai 2014

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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