La thrombose veineuse, ce n’est pas un accident

15 décembre 2009

« Quand on fait un premier épisode de thrombose veineuse – phlébite, embolie… – ce n’est pas un accident. C’est une maladie qui doit se soigner. » La maladie veineuse thrombotique (MVT) figure en quelque sorte parmi les « meilleures ennemies » du Pr Dominique Mottier, directeur du Département de Médecine interne et Pneumologie au CHU de Brest.

Selon lui une femme sous pilule, une femme enceinte ou un vieillard victimes de phlébite ou d’embolie ne sauraient être considérés comme des accidents isolés. Ils traduisent une MVT, un trouble de la coagulation qui doit être considéré « comme une maladie et pris en charge comme tel », nous a-t-il confié au 51ème Congrès de l’ASH, à La Nouvelle-Orléans.

La première affection nosocomiale en France ? Toutes tranches d’âge confondues, la MVT affecte une personne sur 1 000 mais après 50 ans les chiffres s’emballent. « Et à 70 ans une personne sur 100 est concernée. » De surcroît, elle frappe plus volontiers les personnes alitées et immobiles. Les patients hospitalisés par exemple, ce qui la fait considérer comme la première cause hospitalière d’effets iatrogènes. Ainsi le Pr Mottier n’hésite-il pas à faire un parallèle – hardi certes, mais efficace… – entre cette « affection » et les infections nosocomiales, considérées à juste titre comme une priorité de santé publique.

Tout comme il existe des Comités de Lutte contre les Infections nosocomiales</i< (CLIN) dans chaque centre hospitalier, il suggère la mise en œuvre de Comités de lutte contre la MVT… Son idée : améliorer le taux de couverture en prévention. « Celle-ci est encore sous-utilisée », regrette-t-il. « Dans le monde, 50% des malades en sont écartés. Nous sommes mieux lotis en France, où cette proportion ne dépasse pas sans doute, 20% en chirurgie et 40% en médecine. Mais le périmètre de cette prévention doit s’élargir. Il devrait mieux prendre en compte notamment, les personnes âgées en institution »

L’arrivée de nouveaux traitements anticoagulants constitue à ses yeux « une révolution bien plus qu’une évolution thérapeutique ». Ils sont plus souples d’utilisation que les anti-vitamines K (AVK) – qui nécessitent le recours à un carnet de suivi spécifique, n.d.l.r. Ils sont également administrés par voie orale, alors qu’aujourd’hui la protection d’un vieillard alité nécessite des piqûres, une surveillance étroite et un régime alimentaire particulier. Désormais, le périmètre de la prévention devrait pouvoir s’élargir à de nouvelles catégories de malades. »

  • Source : de notre envoyé spécial au 51ème congrès de l’ASH, La Nouvelle-Orléans, 5-8 décembre 2009

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