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La vie privée fait référence à la sphère personnelle d’un individu, celle qui doit être protégée des regards indiscrets et qui concerne son intimité. Celle-ci est garantie sur le plan international par l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales ainsi que par l’article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Pour les adultes, il est simple de comprendre que chacun doit pouvoir préserver son espace hors des regards d’autrui. Mais qu’en est-il de l’enfant, dont les parents sont responsables ?
Il s’agit dans un premier temps de rappeler que l’intégrité physique et morale de l’enfant doit être respectée. Il ne doit donc pas subir de violence physique, psychologique ou sexuelle. Mais respecter la vie privée d’un enfant va bien au-delà pour un parent.
« Il s’agit de penser l’enfant comme un individu à part entière », explique Vincent Joly, psychologue à Paris. « Il n’est pas une extension du parent et mérite son espace à lui ». Bien sûr, « les règles évoluent en permanence, c’est une affaire de rectifications et de réajustements à mesure qu’il grandit ».
Pour un tout petit, il peut s’agir d’avoir une chambre ou un coin à lui. Ensuite, on peut évoquer un journal intime et le fait de pouvoir fermer la porte des toilettes ou de la salle de bains quand il se douche. Ou encore de frapper à la porte avant d’entrer.
« Un enfant a besoin de se développer comme individu autonome, il doit apprendre que ses pensées lui appartiennent pour se construire », souligne encore Vincent Joly. Cela ne signifie pas que l’enfant ou l’ado ait une autonomie totale. Il a besoin de cadre, de règles. « Le problème se pose quand les parents transgressent les règles établies. »
« On peut tout à fait mettre en place un contrôle parental ou indiquer à l’enfant qu’on va regarder ce qu’il écrit sur les réseaux sociaux. Si les règles sont édictées, cela ne pose pas de problème. Mais s’il se croyait dans un lieu intime alors qu’il était en réalité sous le regard de l’adulte, c’est intrusif et violent ».
Car il n’est pas absurde d’être inquiet et de vouloir surveiller son enfant, notamment vis à vis de son accès à Internet et aux outils numériques. Mais il faut faire attention à ne pas empiéter sur sa vie privée. Il faut le prévenir. « Les parents peuvent être tentés de lire les textos et consulter les historiques ou encore de géolocaliser sans prévenir », ajoute le psychologue. Ils risquent alors de « casser la confiance et d’entraîner des stratégies de masquage chez le jeune. »
Source : Rapport « la vie privée : un droit pour l’enfant » du Défenseur des droits – interview de Vincent Joly, psychologue à Paris
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet
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