L’addiction aux selfies : une vraie maladie ?

14 mars 2018

Certains voient dans les selfies une version moderne de Narcisse contemplant son reflet. D’ailleurs les Québécois ne s’y trompent pas puisqu’ils nomment cette mode « égoportrait ». Mais saviez-vous que lorsque cette manie prend des allures d’addiction, cela deviendrait une vraie maladie ? Elle porte même un nom : la selfite.

Se prendre soi-même en photo, avec son téléphone à bout de bras ou (pire) à l’aide d’une perche ! Cette mode est aujourd’hui devenue quasi universelle. Mais que révèle-t-elle de notre société ? Une récente étude conduite par des chercheurs de l’Université de Toronto pointait du doigt le narcissisme dont souffrent les aficionados de cet autoportrait 2.0. Ainsi selon les chercheurs, « ceux qui se prennent en photos (de façon compulsive, ndlr) se perçoivent plus attirants et plus sympathiques dans leurs selfies que sur les photos des autres ».

La selfite, un canular qui devient réalité…

Pire, cette manie pourrait-elle parfois se transformer en addiction ? En 2014, l’Association américaine de psychiatrie alertait sur la selfite, c’est-à-dire la prise obsessionnelle de selfies. Mais à l’époque il s’agissait d’un article parodique – publié la veille du 1er avril – dans lequel les scientifiques considéraient cette addiction « comme un trouble mental » Depuis pourtant, d’autres chercheurs se sont penché très sérieusement sur la question. Selon eux, « même si le premier article était un canular, cela ne veut pas dire que la selfite n’est pas réelle ».

Pour étudier la pathologie, ils ont même créé une échelle de mesure : la Selfitis Behaviour Scale ! Instrument qu’ils ont testé sur 400 volontaires indiens (l’Inde étant le pays qui compte le plus d’utilisateurs de Facebook). Les participants devaient ainsi déclarer s’ils étaient d’accord ou non avec des affirmations du type « Prendre plus de selfies améliore mon humeur et me rend heureux ».

Ainsi ont-ils classé la pathologie en 3 catégories : « à risque », « sévère » (plus de 3 selfies par jour postés sur les réseaux sociaux) ou « chronique » (plus de 6 selfies). Selon les scientifiques, « généralement, ceux qui souffrent de cette maladie connaissent un manque de confiance en eux. Ils cherchent à s’intégrer dans leur entourage, et présentent des symptômes similaires à d’autres comportements addictifs ».

  • Source : International Journal of Mental Health and Addiction, novembre 2017

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon

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