L’alimentation pendant la grossesse pourrait impacter deux générations
21 août 2023
On connaissait les effets de l’alimentation de la femme enceinte sur son enfant à naître. Une étude australienne va plus loin et affirme que le choix de certains aliments pourrait avoir un impact non seulement sur le futur enfant, mais aussi ses propres enfants.
Des folates, du calcium, de la vitamine D, du fer… Ces vitamines et minéraux, que l’on retrouve dans l’alimentation, sont indispensables au bon développement du fœtus et à la bonne santé de sa mère. Mais selon une étude récemment parue dans Nature Cell Biology, l’effet bénéfique de certains aliments absorbés pendant la grossesse pourrait également concerner la génération suivante.
Menée par des chercheurs australiens de l’université Monash, cette étude a porté non pas sur des humains, mais sur des nématodes, de petits vers de moins d’un millimètre utilisés dans les laboratoires du monde entier. Pourquoi ? Parce que le nématode abrite « de nombreuses fonctions communes à la quasi-totalité des animaux, dont l’homme : croissance, digestion, vieillissement, mouvement musculaire, signalisation nerveuse, fécondation… Et ce, avec des protéines parfois très proches de celles de l’homme », explique le laboratoire lyonnais Labex Cortex, dédié à la recherche sur les fondements biologiques de la cognition. « Le ver sert, par exemple, de modèle dans les recherches sur les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson. »
Des pommes et des herbes
Qu’ont découvert les scientifiques australiens ? En étudiant le processus à l’origine de la destruction des « câbles de communication » nécessaires au bon fonctionnement du cerveau, des fibres nerveuses appelées axones, ils se sont demandé « si des produits naturels présents dans l’alimentation pouvaient stabiliser ces axones et empêcher leur rupture », et donc ralentir la dégénérescence cérébrale, explique le professeur Roger Pocock, auteur principal de l’étude.
Et ils ont donc constaté que l’acide ursolique, une molécule présente dans les pommes et certaines herbes aromatiques (basilic, romarin, thym, origan et sauge) semblait contribuer à ralentir la destruction des axones. Comment ? « Nous avons découvert que l’acide ursolique provoque l’activation d’un gène qui produit un type spécifique de graisse. Cette graisse particulière a également empêché la fragilité des axones à mesure que les animaux vieillissaient en améliorant le transport des axones, et donc leur santé générale ».
Une observation qui concernerait donc le fœtus pendant la grossesse, et la génération suivante : « C’est la première fois qu’il est démontré qu’un lipide est héréditaire », s’enthousiasme le Pr Pocock. « Le régime alimentaire d’une mère peut affecter non seulement le cerveau de sa progéniture, mais aussi les générations suivantes », poursuit-il. Des résultats prometteurs, en tout cas chez le nématode, qui restent à confirmer chez l’humain.