Lamine Yamal : croissance et sport de haut niveau chez les adolescents, quels sont les risques ?

15 juillet 2024

Révélation de l’Euro 2024, Lamine Yamal (17 ans) a notamment permis à l'Espagne d'éliminer la France en demi-finales. Comme de nombreux jeunes athlètes, il doit résoudre l’équation entre performances, entraînement intensif et croissance harmonieuse, tout en limitant le risque de blessures.

Lamine Yamal est un footballeur international espagnol évoluant au poste d’attaquant au FC Barcelone. Il frappe par son visage encore enfantin. Né dans la banlieue de Barcelone, il a été formé au Barça à partir de ses 7 ans.

Mais son cas n’est pas si unique. Nombreux sont les adolescents à pratiquer et à exceller dans un sport à haut niveau. « Un adolescent est considéré comme un sportif de haut niveau lorsqu’il s’entraîne plus 20 heures par semaine, hors compétitions », rappelait Emmanuelle Ecochard-Dugelay, du service de gastroentérologie et nutrition pédiatriques de l’Hôpital Robert Debré (Paris), lors d’une présentation au congrès français de pédiatrie (mai 2024, Nantes).

La croissance des sportifs de haut niveau, un vrai sujet 

Pour sûr, La Masia, le centre de formation du FC Barcelone, comment d’autres centres, prend soin de la santé physique et psychologique de ses jeunes. De manière générale, pour les sportifs de haut niveau, et a fortiori les jeunes, des consultations spécialisées de nutrition existent, comme celles proposées à l’INSEP (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) à Paris ou au sein des fédérations.

Car tout se joue au niveau de la nutrition de l’enfant et de l’adolescent sportif de haut niveau. Si celle-ci n’est pas adaptée à la pratique sportive, à sa nature, à son intensité et au niveau d’entraînement, deux risques majeurs existent : le déficit énergétique, qui réduit la performance, mais également le retard statural et pubertaire.

Athlètes adolescents et adultes, des différences dont il faut tenir compte

Un point important est la composition des muscles. Les enfants, et dans une moindre mesure les adolescents, ont des fibres musculaires de type I (la proportion s’amenuise avec l’avancée en âge à la faveur des fibres de type II). Cette composition cellulaire spécifique confère des capacités pour maintenir un effort prolongé. C’est pourquoi, « afin de permettre un développement musculaire et une croissance corrects, il faut absolument veiller à ce que les enfants et les adolescents sportifs de haut niveau ne présentent pas de carences nutritionnelles ni de déficit énergétique », indique le Dr Ecochard-Dugelay. 

Autre particularité, le métabolisme énergétique est différent de celui des adultes. Chez les jeunes, au cours de l’exercice physique, la voie métabolique très rapidement majoritaire est celle dite de la glycolyse aérobie. C’est un processus dans lequel le corps utilise le glucose (sucre) pour produire de l’énergie en présence d’oxygène, un moyen efficace pour fournir de l’énergie tout en évitant l’accumulation d’acide lactique, cause de fatigue musculaire. Conséquence : à exercice équivalent, les enfants consomment plus d’énergie que les adultes par unité de poids, en raison de leur métabolisme plus élevé et de leurs besoins accrus liés à la croissance.

Des besoins en protéines élevés

La croissance et la formation des tissus dont les muscles à l’adolescence sont une période gourmande en protéines. Les apports protéiques sont donc bien supérieurs à ceux de la population : 1,2 à 1,4 g/kg/jour, comparé à 0,9 g/kg/jour. Les protéines de haute qualité doivent être privilégiées, surtout d’origine animale, sources d’acides aminés essentiels constitutifs des protéines musculaires mais aussi nécessaires à la croissance.

Attention aux carences en micronutriments 

Par ailleurs, les déficits en micronutriments sont monnaie courante car les adolescents sportifs ont tendance à privilégier des aliments à haute densité énergétique mais pauvres en nutriments, comme les féculents, et à délaisser les fruits et des légumes. D’où des déficits fréquents en vitamines et en oligo-éléments.

Les micronutriments sont des éléments clés du métabolisme et des processus biochimiques. En cas de déficit, la récupération est loin d’être optimale, le risque de blessures et la fatigue plus élevés et les performances sportives réduites. Chez les adolescents les déficits en micronutriments les plus fréquents sont ceux en vitamine D (exposition insuffisante au soleil, apport alimentaire limité), C et en calcium (moins de quatre produits laitiers par jour).

« En cas d’alimentation déséquilibrée, de pratique sportive intensive ou de symptômes de carence, il peut être nécessaire d’effectuer des dosages et de recourir à une supplémentation pour assurer un apport adéquat en nutriments », ajoute Emmanuelle Ecochard-Dugelay.

  • Source : Suivi du congrès de la Société française de pédiatrie (mai 2024, Nantes)

  • Ecrit par : Hélène Joubert - Édité par Emmanuel Ducreuzet

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