L’armée française soigne ses blessés… sur le terrain

15 juillet 2013

Toutes les évacuations de blessés de guerre de l’armée française s’effectuent par voie aérienne. ©ECPAD

Pour sauver la vie des soldats, blessés au cours d’une opération de guerre, l’armée française a récemment mis au point une formation pour tous ses combattants. Ainsi, le militaire touché reçoit-il les premiers soins sur le théâtre même, par l’un de ses camarades. Ensuite se met en place une chaîne de médicalisation… jusqu’en France. Le Dr Jean-Louis Daban, adjoint en chef du service de l’hôpital Percy (Clamart) – 9e antenne chirurgicale aérotransportable, nous explique le protocole d’intervention.

« Sur nos théâtres d’intervention, aussi bien en Afghanistan qu’au Mali, l’essentiel des accidents sont dus à des ‘engins explosifs improvisés’ », indique Jean-Louis Daban. En d’autres termes, des mines et des bombes qui explosent sur le parcours d’une unité par exemple. L’autre cause de blessures reste bien sûr les tirs d’armes. Lésions neurologiques ou hémorragies des membres et hémorragies viscérales… les blessures sont souvent graves et « nécessitent une intervention dans les 10 premières minutes après l’attaque », poursuit-il.

Depuis 2012, l’enseignement du sauvetage au combat a été institutionnalisé. « Chaque combattant part avec une petite trousse de secours en étant capable de réaliser un garrot sur lui-même ou son collègue. Il peut également administrer une dose de morphine en cas de besoin. » Auparavant, « le garrot ayant très peu utilisé, plus de 80% des blessés au combat mouraient dans les 10 minutes qui suivaient leur traumatisme », note le Dr Daban. Heureusement, cette situation a bien évolué.

Le damage control chirurgical

« S’il est impossible de le chiffrer, nous avons la certitude que ces gestes de sauvetage sont utiles et que la formation des combattants a déjà permis de sauver des vies », assure le médecin militaire. « J’ai pu le constater moi-même en Afghanistan. » D’autant qu’une partie des militaires reçoit une formation médicale un peu plus complète. « Il s’agit de l’équivalent français des medics et paramedics américains », explique-t-il. Avec trois niveaux de compétences, ils peuvent perfuser, exsuffler un thorax… Autant de manipulations souvent indispensables pour maintenir le blessé en vie, jusqu’à l’arrivée du médecin de terrain.

Une fois les premiers soins apportés au blessé, il est extrait du lieu des combats. « Parfois en véhicule terrestre mais il peut aussi avoir besoin d’être brancardé », précise Jean-Louis Daban. En effet, « s’il est positionné dans le fond d’une vallée, ses camarades doivent le transporter vers un point d’extraction, où un hélicoptère pourra se poser. » Ensuite, « le blessé, accompagné du médecin, toujours affecté à moins d’une heure des combattants, est héliporté vers une structure chirurgicale. »

Après avoir été transporté dans l’hôpital de campagne, le blessé bénéficie d’une chirurgie dite de damage control. « Ce premier temps chirurgical doit durer moins d’une heure. Il a pour but d’arrêter l’hémorragie, suturer les plaies digestives par exemple pour limiter les risques d’infection », détaille le Dr Daban. L’objectif étant de stabiliser le patient pour permettre une évacuation vers la France, par voie aérienne. Une fois arrivé, il pourra être réopéré si nécessaire, avec davantage de précision cette fois.

Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : interview du Dr Jean-Louis Daban, adjoint en chef de service réanimation à l’hôpital Percy – 9e antenne chirurgicale aérotransportable, 26 juin 2013

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