Le braille est-il vraiment utile ?
24 février 2010
D’après le Plan Handicap visuel de juin 2008, la France compte 207 000 aveugles ou malvoyants profonds. Seul 1% de cette population est en mesure de lire effectivement l’alphabet braille, ce qui représente à peine plus de 2 000 personnes… Alors que se multiplient les moyens auditifs d’aide et d’accompagnement des malvoyants, la question se pose de l’utilité réelle aujourd’hui, de l’écriture et de la lecture tactiles.
Brutale, la question n’est pas nécessairement illégitime. D’aucuns soulignent le coût pédagogique de ces techniques. D’autres avec pragmatisme, soulignent que les personnes atteintes, le deviennent souvent, à un âge trop avancé pour s’engager dans un tel apprentissage. Le plan handicap en effet, estime que 61% des déficients visuels sont âgés de plus de 60 ans. Et 20% d’entre eux ont de 85 à 89 ans… Comme le souligne Françoise Magna, Inspectrice pédagogique et technique des établissements pour déficients visuels, « les seniors ne veulent pas réapprendre à lire et écrire à leur âge. » Sans compter les maladies annexes qui s’opposent à ce type d’apprentissage. Le diabète par exemple, qui peut conduire à une perte de sensibilité du bout des doigts.
Progrès technologiques Livres audio, développement de l’audio-description des programmes télévisuels et des films en salles… Plus récemment encore le plan de métro qui parle -récompensé au concours Lépine – les nouvelles techniques visant à favoriser l’intégration des malvoyants passent davantage par l’ouïe que par le toucher. « Grâce ou à cause de ces aides techniques, beaucoup abandonnent le braille » constate Françoise Magna.
La nécessité de maintenir le braille. Il reste que, culturellement ou administrativement, la lecture et l’écriture demeurent indispensables. Il serait absurde d’en priver quelques uns sous prétexte de handicap… ou de manque de pratiquants.
Ainsi la pratique du braille est-elle toujours encouragée, dans le cadre de diverses actions pour l’autonomie des aveugles. Les emballages de médicaments depuis longtemps, font cohabiter écriture en lettres et en braille. Gaz de France et certaines banques commencent à proposer des relevés adaptés aux malvoyants. Quelques compagnies d’assurance éditent des contrats tactiles. Le gouvernement, favorisant l’intégration des aveugles et des malvoyants au système scolaire « classique », tente de développer l’édition adaptée. Le but : proposer des manuels scolaires en braille dès la rentrée 2010.
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Source : Ministère du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville ; interview de Françoise Magna, 18 février 2010