Le chat, premier prédateur de la biodiversité ?
09 juin 2023
Les chats ne sont pas que mignons, ils sont aussi de redoutables prédateurs, taillés pour la chasse. Oiseaux, reptiles, petits mammifères… Le chat menace de nombreuses espèces, et la biodiversité avec elles.
Le chat est le seul félin que l’homme est parvenu à domestiquer. Star d’internet, il est aussi l’un des animaux de compagnie parmi les plus appréciés. Mais le chat est avant tout un chasseur. Le chat errant y consacre d’ailleurs 12 heures de sa journée.
Ainsi, en 2020, dans le cadre de la proposition de loi sur le bien-être animal, un amendement porté par trois députés visait à classer le chat parmi les animaux nuisibles. « Le chat est un animal prédateur qui participe largement à la diminution significative de certaines espèces animales, parfois protégées, sur le territoire français : oiseau, petits mammifères, lézards… », était-il expliqué dans l’article additionnel. L’amendement polémique avait été écarté. Toutefois, il interpelle.
11 millions de chats errants en France
Les chats peuvent-ils être considérés comme des nuisibles, au même titre que le renard, la fouine, la pie bavarde, etc. ? Dans le monde, on estime à 600 millions le nombre d’individus domestiqués. Selon Statistica, spécialisé dans les données statistiques, la France comptait en 2022 plus de 15 millions de chats domestiques. Et selon un rapport de l’association One Voice, publié en 2018, le nombre de chats harets, les chats domestiques retournés à la vie sauvage, est estimé à 11 millions d’individus ! Autant de chats qui s’adonnent à leur passe-temps favori, la chasse.
En 2013, une étude publiée résumait ainsi la situation : « des chats domestiques en liberté ont été introduits dans le monde et ont contribué à de multiples extinctions d’animaux sauvages sur les îles », notent les chercheurs. Si l’impact des chats domestiques sur l’écosystème est difficile à quantifier précisément, les scientifiques estiment « que les chats domestiques en liberté tuent 1,3 à 4 milliards d’oiseaux et 6,3 à 22,3 milliards de mammifères par an », et ce, rien qu’aux Etats-Unis. « Nos résultats suggèrent que les chats en liberté causent une mortalité de la faune considérablement plus élevée qu’on ne le pensait auparavant et sont probablement la plus grande source de mortalité anthropique pour les oiseaux et les mammifères américains », poursuivent-ils.
Plus de 20 espèces australiennes éradiquées par les chats
En Australie, les chats seraient déjà responsables de l’extinction de 20 à 30 espèces et en menaceraient 124 autres. Chaque année, ils tueraient 377 millions d’oiseaux et 648 millions de reptiles. Des chiffres affolants, à tel point que le gouvernement australien visait dès 2017 l’élimination de 2 millions de chats errants.
En France, une vaste enquête participative a été lancée par le Museum national d’Histoire naturelle et par la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM). En 2021, selon les données intermédiaires de l’enquête, on apprenait que les mammifères représentaient 68 % des espèces prédatées par les chats. Parmi les quelque 200 espèces que menacent le chat, 22 % sont des oiseaux et 8 % des reptiles. Les autres espèces, moins de 3 %, sont des insectes, des amphibiens, des poissons, des araignées, des gastéropodes.
Quelles solutions ?
Selon la Ligue de protection des oiseaux, en 2020, « plus de 14,3 % des animaux accueillis dans les sept centres de soin LPO avaient subi une prédation exercée presque exclusivement par le chat : 90 % d’oiseaux et 10 % de mammifères. Les trois espèces d’oiseaux les plus affectées sont le moineau domestique, le merle noir et la tourterelle turque ».
Afin de protéger la vie sauvage et la biodiversité, chacun s’organise. A Canberra, en Australie, les chats domestiques n’ont pas le droit de sortir sans être tenus en laisse. En France, les associations, dont la LPO plaide pour :
- La stérilisation généralisée des chats domestiques, errants et harets ;
- Le renforcement de l’identification et du suivi des animaux domestiques ;
- L’éducation et la responsabilisation des propriétaires.
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Source : La Ligue pour la protection des Oiseaux, Nature, Biological Conversation, The Sydey Morning Herald, la Société française pour l’étude et la protection des mammifères
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par : Emmanuel Ducreuzet