Le coeur, son rythme et l’AVC

08 avril 2011

En France, près d’un million de patients – souvent âgés de 65 ans ou plus- souffriraient de fibrillation auriculaire (FA). « Le problème, c’est qu’un bon tiers l’ignorent. Or c’est une affection très sérieuse » s’inquiète le Pr Ariel Cohen, chef du service cardiologie de l’hôpital Saint-Antoine, à Paris. Et pour cause, puisqu’après 65 ans, la FA est reconnue comme le premier facteur de risque d’accident vasculaire cérébral (AVC).

La FA. Fréquente mais méconnue, la fibrillation auriculaire (ou fibrillation atriale selon la terminologie anglo-saxonne) affecte l’activité électrique des oreillettes du cœur. Celles-ci ne se contractent plus de façon synchrone, et le rythme cardiaque devient anarchique, et souvent trop rapide.

« Comme les oreillettes ne se contractent plus normalement, le sang peut y stagner », poursuit le Pr Cohen. Le risque est alors de voir « se former un thrombus, autrement dit un caillot sanguin, susceptible de migrer dans la circulation générale ». Et pas n’importe où. Le « chemin » le plus direct peut en effet conduire ce caillot dans une grosse artère comme la carotide, avant qu’il n’atteigne le cerveau. C’est pourquoi « lorsqu’un AVC lié à la FA survient, il est généralement plus sévère qu’un AVC associé à une autre cause », reprend le Pr Cohen.

Une épée de Damoclès. Chaque année dans le monde, 3 millions de patients sont victimes d’un AVC dû à la fibrillation auriculaire. Ce qui représente 5 cas à la minute ! « Un malade atteint de FA a 5% de risque de faire un AVC dans l’année », poursuit-il. « Ce risque augmente avec l’âge, et en présence d’autres facteurs de risque comme l’hypertension artérielle, le diabète et l’insuffisance cardiaque ».

Quelle prévention ? Loin d’être fataliste, Ariel Cohen ajoute que « dans de nombreux cas ces AVC peuvent être prévenus ». A condition de bien connaître leurs signes avant-coureurs…qui ne se manifestent pas chez tous les patients. Il n’empêche, « une fatigue inexpliquée, des palpitations et/ou des douleurs thoraciques doivent alerter. « Il convient alors d’en parler à son médecin. Le cas échéant, il prescrira un électrocardiogramme (ECG) pour enregistrer l’activité électrique du cœur », conclut-il.

  • Source : Interview du Pr Ariel Cohen, Madrid, 22 mars 2011

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