Le millepertuis à nouveau sur la sellette !

09 septembre 2002

Déjà impliqué dans des intoxications ou des accidents chirurgicaux, réputé pour ses interactions dangereuses avec certains médicaments, le millepertuis se trouve aujourd’hui accusé par une étude néerlandaise… d’inhiber les effets de chimiothérapies anticancéreuses.

L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSaPS) recommandait déjà de ne pas l’utiliser chez les personnes prenant de la digoxine, de la théophylline, des anticoagulants à base d’anti-vitamine K, des contraceptifs oraux ou certains antidépresseurs. La ciclosporine – un antirejet – et l’indinavir – une antiprotéase contre le VIH – figuraient aussi sur la liste des exclusions.

Le travail publié dans le Journal of the National Cancer Institute par une équipe de l’université Erasme de Rotterdam devrait faire ajouter les chimiothérapies anticancéreuses à cette liste qui s’allonge… Ron Mathijssen et ses collaborateurs ont en effet remarqué qu’il bloque l’effet de l’irinotecan, utilisé contre certains cancers colorectaux. La nouveauté, c’est que le mécanisme de cet effet indésirable aurait été percé à jour. Le millepertuis agirait en bloquant une voie métabolique essentielle, celle du cytochrome hépatique P450. Une voie empruntée par plus de la moitié des chimiothérapies anticancéreuses…

Eliminer le millepertuis ? D’accord, mais ce n’est pas simple. Les pharmaciens sont seuls autorisés à le délivrer, mais il est aussi utilisé dans une foule d’indications où son caractère « naturel » le fait apprécier. Dans le désordre, citons la constipation ou la cellulite, l’énervement, les spasmes, les troubles respiratoires, les infections, l’énurésie… Bien des malades peuvent y recourir par automédication.

  • Source : Journal of the National Cancer Institute 2002 ;94 :1247-9

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