Le paludisme, l’autre épidémie

23 avril 2021

229 millions de cas à travers le monde en 2019, selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé. Le paludisme, maladie transmise par des moustiques infectés par le parasite Plasmodium, est loin, très loin d'être éradiqué. Particulièrement en Afrique, où un début de résistance aux traitements habituels commence à apparaître.

A la veille de la journée mondiale de lutte contre le paludisme ce 25 avril, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) affiche ses ambitions : atteindre l’objectif « zéro paludisme » dans le monde. L’agence onusienne et ses partenaires mettront à l’honneur les pays qui ont atteint ou qui s’approchent de cet objectif. « Ces pays constituent un exemple pour toutes les nations qui s’emploient à éradiquer cette maladie mortelle et à améliorer la santé et les moyens de subsistance de leur population ».

Parmi ces « bons élèves », on peut citer le Maroc, le Sri Lanka ou l’Argentine, certifiés exempts de paludisme par l’OMS dans les vingt dernières années. Et alors que l’on comptait encore 6 000 décès liés au paludisme dans les six pays du bassin du Mékong en 2000 (dont le Cambodge, la Thaïlande et le Viet Nam), seuls 15 décès ont été recensés en 2020. Cela représente une baisse de 99%.

94% des cas en Afrique subsaharienne

En Afrique en revanche, l’objectif « zéro paludisme » est loin, très loin d’être atteint. En 2019, le continent concentrait encore à lui seul « 94 % des cas de paludisme et de décès dus au paludisme dans le monde ». Pays le plus touché : le Nigéria (27% des cas), suivi de la République démocratique du Congo (12%), de l’Ouganda, du Mozambique et du Niger (5% des cas chacun). « Les enfants de moins de cinq ans en Afrique subsaharienne ont continué de représenter les deux tiers environ des décès dus au paludisme dans le monde », précise l’OMS.

Et les dernières nouvelles en provenance de la zone ne sont pas rassurantes. Dans une étude parue mi-avril dans The Lancet Infectious Diseases, des chercheurs disent avoir établi la « première preuve clinique » d’ « une résistance partielle à l’artémisinine », l’un des composants du traitement anti-paludique actuellement recommandé par l’OMS, basé sur la combinaison de l’artémisinine et d’une autre molécule*.

Résistance partielle à l’artémisinine

Comment se caractérise cette résistance ? Celle-ci « est suspectée si l’on observe un retard dans la clairance du parasite (c’est-à-dire la persistance de la parasitémie au troisième jour après le début du traitement) », rappellent les auteurs de l’étude. Ils l’ont donc observée chez environ 15% de 130 enfants âgés de 6 mois à 5 ans infectés, traités et suivis sur 28 jours, dans deux villes du Rwanda. Des mutations « résistantes » du parasite Plasmodium en seraient à l’origine.

Cette antibiorésistance avait déjà été repérée par des chercheurs de l’institut Pasteur en Asie du Sud-Est, en 2016.
« Nous devons (…) prendre le parasite de vitesse et empêcher ce scénario tragique de se reproduire en Afrique », disait à l’époque Didier Ménard, responsable de l’unité d’Épidémiologie moléculaire du paludisme à l’Institut Pasteur du Cambodge. Au Rwanda, les chercheurs estiment que malgré cette résistance partielle à l’artémisinine, « l’efficacité thérapeutique a été estimée à 94-97% ». Cependant, même si elle demeure importante, « de nouvelles études et une surveillance continue sont nécessaires de toute urgence », avertissent les auteurs.

*Combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA)

  • Source : Organisation mondiale de la santé, The Lancet Infectious Diseases

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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