Le rideau de fumée qui fait Pschitt…
04 octobre 2006
Informations contradictoires, lobbyings, le rapport de la Mission parlementaire d’information sur le tabac est entouré d’un rideau de fumée. Un rideau qui, passant de l’Assemblée à l’Elysée, cache mal l’impuissance de l’Etat.
Que les membres socialistes de la mission se soient abstenus de voter, politiquement cela se conçoit. Que certains députés UMP aient fait de même est plus surprenant. Surtout pour ceux qui l’ont fait par manque de conviction quant aux risques du tabagisme !
En fait la cause serait entendue. Le tabac tue, y compris des non-fumeurs, et la nécessité d’agir paraît s’imposer. Le débat persiste sur deux points. D’une part, celui de savoir si un simple décret suffit ou si une loi serait préférable. L’ancien ministre socialiste Claude Evin, les UMP Lionnel Luca et Yves Bur, l’UDF Olivier Jardé sont pour la loi.
L’autre point qui fâche est celui des délais de mise en oeuvre. Dès janvier, comme initialement prévu ? Ce sera probablement “plus tard”. Mais de combien ? Toute la question aujourd’hui, paraît être de savoir comment, une fois le locataire de l’Elysée rentré dans ses pénates, le gouvernement actuel pourrait passer cette patate chaude à son successeur …
Sur le terrain, les troupes s’agitent. Ainsi l’Alliance contre le Tabac vient-elle de rappeler que “seules l’interdiction totale de fumer dans les lieux publics et de travail, sans aucune forme d’exception, la mise en oeuvre de mesures de contrôle efficaces et l’adoption de pénalités dissuasives sont susceptibles de protéger totalement l’ensemble de la population, fumeurs et non-fumeurs, de l’exposition à ce produit toxique, cancérogène et mutagène. La loi seule permet d’obtenir un tel résultat.” Or cette position a été adoptée à l’unanimité par la Conférence nationale de Santé installée, le 3 octobre 2006, par Xavier Bertrand.
Pour que les choses soient bien claires et que les politiques choisissent une fois pour toutes leur camp, l’Alliance contre le Tabac ajoute ainsi que “dans ces conditions, l’installation de fumoirs (…) maintient l’exposition des fumeurs qui y séjournent et n’élimine pas l’exposition des salariés, des gérants et du public à la fumée de tabac. On ne peut donc parler, dans ces conditions, d’interdiction totale.” La balle aujourd’hui, est dans le camp présidentiel. Et pour paraphraser ce que nous confiait hier Claude Evin, c’est de là seulement que pourra venir une décision à la hauteur des ambitions affichées…