Le sport ? Un allié de poids contre le cancer

14 septembre 2015

Les innombrables bienfaits de l’activité physique sont aujourd’hui parfaitement démontrés. La pratique régulière d’un sport est recommandée et devrait déjà être intégrée à l’arsenal thérapeutique de la prise en charge de tous les cancers. Elle permettrait de réduire jusqu’à 50% le risque de récidives. En France, une étude inédite vient d’être lancée pour établir un état des lieux précis de la place de l’activité physique dans le parcours de soins des patients.

Depuis le 1er juin 2015, une enquête nationale (PODIUM 2015) est en cours auprès de tous les oncologues, hématologues, radiothérapeutes, chirurgiens spécialistes d’organes, chefs de clinique et internes en cancérologie et en hématologie. Les patients aussi sont invités à y participer. Ce sondage a été initié par l’Association CAMI, Sport et Cancer, avec le soutien des laboratoires Amgen. « Notre entreprise est historiquement impliquée dans les soins de support en cancérologie. La pratique de l’activité sportive s’inscrit dans cette approche », explique Jean Monin, Président d’Amgen France. « La CAMI est le partenaire de référence pour mener cette enquête ». Créée par le Dr Thierry Bouillet, oncologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny et Jean-Marc Descotes, professeur de karaté-do, ancien sportif de haut niveau, la CAMI a pour objet de promouvoir et d’organiser, la pratique et l’enseignement de l’activité physique pour les malades atteints de cancers.

Une enquête pour mieux cerner la place du sport comme soin de support

« Ce sondage consiste en réalité à dresser un état des lieux pour voir si notre message sur l’activité physique est passé auprès des professionnels de santé », explique le Dr Thierry Bouillet. « Nous souhaitons aussi avoir la vision des médecins en rapport avec celle des malades. Il est important que les patients puissent s’exprimer sur ce sujet ». Pour participer, c’est assez simple. Il vous suffit de répondre en ligne à www.sportetcancer.com. Le questionnaire reste anonyme et peut être rempli en seulement quelques minutes. Au total et d’ici la mi-octobre, la CAMI espère obtenir 3 000 réponses de patients et 1 000 de médecins.

Pour le Dr Thierry Bouillet, « cette enquête est très importante dans la mesure où le sport permet aux patients de retrouver une vraie qualité de vie. Le fait de marcher, courir ou nager va entraîner des effets en cascade : l’activité va abaisser la sécrétion de cytokines, augmenter la consommation musculaire de glucose et diminuer le taux d’insuline », explique-t-il. « Les cytokines sont des protéines secrétées par les cellules cancéreuses et les cellules inflammatoires. Elles peuvent provoquer au niveau musculaire une sarcopénie, autrement dit une destruction de la masse musculaire. Elles vont aussi agir au niveau cérébral et sont à l’origine de la fatigue, des troubles du sommeil, du comportement, et des dommages cognitifs. Or le sport corrige tout cela ». D’ailleurs notre spécialiste n’hésite pas à dire que « le sport est le traitement de référence de la fatigue ! » C’est aussi grâce au sport que les patients pourront perdre du poids. « Par exemple, la prise de poids est un facteur prédictif de rechute chez une femme souffrant d’un cancer du sein. »

Diviser par deux le risque de rechute

Un patient souffrant d’un cancer voit son corps se modifier rapidement. Il se sent fatigué en permanence ! « Que pouvons-nous faire contre cela ? Voilà une question que nous nous sommes posée, il y a 30 ans. Aujourd’hui, nous savons avec l’appui d’une multitude d’études scientifiques que l’activité physique permet de lutter contre la fatigue, d’améliorer la qualité de vie des patients, et pourrait diminuer de 50% le risque de récidive. En résumé « de vivre mieux et plus longtemps », s’enthousiasme le Dr Bouillet.

« Il faut une intensité suffisamment forte pour obtenir un effet important. Mais aussi une durée d’au moins un an, trois fois par semaine, avec des séances de trois quart d’heure à une heure, le temps que les effets bénéfiques s’installent », précise le Dr Bouillet. Marche rapide, vélo, natation sont particulièrement préconisés dans la mesure où l’activité doit combiner endurance et résistance. Par ailleurs, notre spécialiste insiste particulièrement sur l’encadrement de la pratique sportive. « Il est nécessaire que les patients puissent être accompagnés par des éducateurs sportifs formés en cancérologie, capables de détecter le moindre problème ». Pour davantage d’informations sur l’enquête PODIUM 2015, et si vous souhaitez participer, connectez-vous à www.sportetcancer.com.

  • Source : Interview du Dr Thierry Bouillet, 28 juillet 2015

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon

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