Le sucre joue à cache-cache

17 juillet 2005

L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) dénonce dans un rapport, la place prépondérante des sucres “cachés” dans les aliments préparés. Une véritable bombe à retardement pour notre équilibre métabolique et celui de nos enfants.

Selon les auteurs de ce document, intitulé “Glucides et santé : état des lieux, évaluation et recommandations“, en 1970 plus de 60% de la consommation de saccharose provenait du sucre de table. Elle était donc sous le contrôle volontaire du consommateur individuel. Aujourd’hui elle est issue pour 70% des produits transformés par l’industrie agroalimentaire : sodas, jus de fruits, confiseries, biscuits…

Autant de glucides simples, qui présentent l’inconvénient de n’apporter que des calories vides, comme les appellent les spécialistes. Ces junk-foods selon la formule américaine, n’apportent ni vitamines, ni micronutriments essentiels. Les sucres ne sont pas seuls concernés par ce défaut. Mais l’industrie agroalimentaire semble y faire de plus en plus recours : sur les huit dernières années ses commandes en glucose ont augmenté de 23% !

Côté consommateurs -notamment les enfants-, entre 1994 et 1999 les apports de glucides simples ont enregistré une hausse de 20%. Et aux Etats-Unis, pays de toutes les démesures, en 20 ans la consommation de boissons sucrées a augmenté de… 300% ! A contrario la consommation de glucides complexes comme le pain, les pommes de terre et féculents ou les produits céréaliers -riz, pâtes…- a diminué ces trente dernières années. Ce qui est regrettable, car ces glucides fournissent le carburant nécessaire aux muscles au cours de l’effort, mais aussi aux neurones. Seule bonne note, leur consommation en France et au Royaume-Uni même si elle s’inscrit en baisse, reste supérieure à celle des Américains.

Or chacun connaît les dégâts que peut provoquer une “overdose” de sucres simples. En France le surpoids et l’obésité frappent un enfant sur cinq. Et pratiquement la moitié des adultes. Comme le souligne le rapport de l’Afssa, l’obésité et le diabète concourent au développement des maladies cardio-vasculaires. Lesquelles sont à l’origine de 180000 décès chaque année en France… et d’un coût social et économique considérable.

Les auteurs ont défini quatre axes fondamentaux qu’ils proposent aux autorités : information, éducation, recommandations nutritionnelles et recherche. Avant tout chose, il leur semble essentiel de communiquer aux consommateurs des renseignements exacts sur la composition des produits et leurs effets. Il faut pour cela une clarification des termes utilisés pour l’étiquetage. Exeunt les index et charge glycémique, ou encore les notions de sucres lents et rapides, jugées incompréhensibles. Les termes préconisés sont désormais ceux de glucides complexes, simples et ajoutés. Ils demandent par ailleurs la mise en place de vastes campagnes de sensibilisation du grand public.

Le but est d’inverser la tendance et de favoriser le développement de la consommation des glucides complexes. Ce qui passe par une réduction de 25% de la consommation de glucides simples. Mais aussi par une meilleure évaluation de l’impact d’une surconsommation de glucides simples sur l’organisme. Ce qui présuppose de développer la recherche épidémiologique, et aussi une véritable coopération avec les professionnels et les industriels.

Ces derniers d’ailleurs, n’ont pas attendu pour réagir au rapport de l’Afssa. Ainsi l’Association Nationale des Industries Agroalimentaires (ANIA) “conteste fermement (…) la présence de sucres cachés dans les produits alimentaires. En effet, l’utilisation de sucres, de quelque nature que ce soit dans les produits alimentaires, est systématiquement indiquée sur l’étiquette. Il est donc faux de déclarer que l’industrie alimentaire cache la nature des sucres utilisés dans ses produits.” Leur nature peut-être pas mais leur quantité, assurément.

  • Source : Afssa, ANIA

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