Le suicide, un mal contagieux ?
29 mai 2013
Le suicide est la seconde cause de mortalité parmi les 15-24 ans. ©Phovoir
Avoir eu un camarade de classe qui s’est suicidé augmenterait le risque d’un adolescent d’attenter à sa propre vie. C’est ce qu’a découvert une équipe canadienne de l’Université d’Ottawa. Ainsi, le suicide prendrait-il une dimension « contagieuse ». Pour réduire ce risque, une prise en charge des jeunes concernés est vivement recommandée par les chercheurs.
L’équipe du Dr Ian Colman, principal auteur de l’étude, a analysé des données concernant 22 064 enfants et adolescents âgés de 12 à 17 ans. Ils étaient tous inclus dans la Statistics Canada’s National Longitudinal Survey of Children and Youth. Les chercheurs ont découvert que le risque de suicide était supérieur chez les jeunes dont un camarade de classe s’était lui-même donné la mort.
En outre, plus les adolescents étaient jeunes, plus ce risque était élevé. Ainsi, à l’âge de 12-13 ans, ceux dont un camarade de classe s’était suicidé se sont avérés 5 fois plus enclins à développer des pensées suicidaires que les autres du même âge. A 14-15 ans, cette probabilité était 3 fois supérieure à celle des adolescents n’ayant pas vécu cette expérience traumatisante. Les jeunes de 16-17 ans se sont révélés, quant à eux, 2 fois plus à risque de penser au suicide que leurs camarades.
Prévention et suivi
« Le suicide est une préoccupation de santé publique », rappellent les auteurs. Notamment chez les jeunes. Au Canada, « un quart des ado de 16-17 ans connaissaient un camarade de classe qui s’était suicidé ». En France, le suicide constitue la deuxième cause de mortalité chez les adolescents, après les accidents de la route. Chaque année, il y a 50 000 tentatives de suicide chez les 12-20 ans et environ 600 décès.
« Le facteur de risque le plus important dans la survenue à la fois des pensées suicidaires et des tentatives de suicide est le fait d’avoir subi des violences (sexuelles mais aussi non sexuelles) », indiquaient les rédacteurs du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) en décembre 2011. Le fait d’avoir connu, de près ou de loin, une personne qui s’est suicidée serait donc un facteur de risque supplémentaire.
C’est pourquoi « une prise en charge de tous les élèves en cas de suicide d’un camarade doit impérativement être mise en place », recommandent les auteurs canadiens. Enfin, « les enseignants doivent être conscients que l’augmentation du risque de suicide perdure jusqu’à 2 ans après l’événement ».
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet