Le syndrome de la bonne élève : de la qualité au frein…
08 novembre 2023
De l’école au milieu professionnel… Le syndrome de « la bonne élève », constitue bien une qualité. Mais il pourrait se muer en défaut ! Plongée au cœur d’une notion qui appartient au champ de la psychologie du travail.
« Le syndrome du bon élève consiste à bien appliquer les règles et principes transmis. La récompense c’est la reconnaissance sociale », nous explique Noémie Le Menn, psychologue du travail et coach, auteure de l’ouvrage intitulé Libérez-vous des réflexes sexistes au travail (Dunod éditeur). Laquelle parle plus volontiers du syndrome (ou complexe) de la bonne élève, sans occulter bien sûr que celui-ci peut aussi concerner les garçons. « Dans une culture sexiste, on encourage chez la femme, des qualités de douceur, d’abnégation, d’écoute, etc », explique-t-elle. « Et on corrige les comportements assertifs et l’ambition professionnelle, perçus comme des caractéristiques ‘masculines’ ».
Ce syndrome « se caractérise ainsi par la recherche d’approbation et le désir de bien faire afin d’avoir de bonnes notes, bordée par la peur de déplaire, de choquer, de dénoter…. La bonne élève obtient ainsi de la reconnaissance sociale qui restaure son estime de soi ». D’une manière générale, pendant la période scolaire, « le complexe de la bonne élève facilite les apprentissages. À court et moyen terme c’est une démarche positive de résilience ».
En finir avec le regard des autres
Cependant, poursuit la psychologue, « l’entreprise n’obéit pas aux mêmes règles que l’école : il ne suffit pas de bien faire son travail pour y évoluer ». Voilà qui mérite explication : « il est nécessaire d’être bon et bonne élève à l’école et dans les étapes d’apprentissage, à l’école et au début de la vie professionnelle, après quoi l’évolution exige un changement de posture dans beaucoup de culture d’entreprise. Les bonnes élèves appliquent trop consciencieusement les consignes comme à l’école, alors elles sont peu créatives et créatifs, manquent de force de proposition et prennent moins d’initiatives, de peur de faire mauvais effet… » Résultat, ce syndrome est susceptible de freiner l’épanouissement professionnelle des femmes.
Comment y remédier ? Il s’agit surtout de se détacher du regard des autres. Pour Noémie Le Menn, l’enjeu doit être de « débrider son impertinence, sortir du cadre et assumer une désobéissance raisonnable ». Bref, de cesser de faire selon les attentes « et de devenir la cheffe du projet de sa vie ». Et ce quoi que les autres en pensent…
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Source : Interview de Noémie Le Menn, auteure de Libérez-vous des réflexes sexistes au travail (Dunod éditeur)
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Vincent Roche