Le syndrome du vagin mort… n’existe pas !

03 février 2022

Prétendu engourdissement du clitoris lié à l’usage d’un sextoy, le syndrome du vagin mort a émergé sur la toile sans aucune validité scientifique. Le point avec Camille Tallet, sage-femme ostéopathe à Lyon.

Vous avez peut-être déjà vu passer le terme de syndrome du vagin mort sur internet ? Et vous vous êtes certainement demandé si, vraiment, l’utilisation d’un sextoy pouvait engourdir votre clitoris au point de ne plus avoir de sensation ni d’orgasme, au point d’en souffrir comme ont pu le décrire certains articles peu référencés.

Premier point : « Il s’agit tout simplement d’une polémique. Comment peut-on nommer ce phénomène ‘syndrome du vagin mort’ alors que l’on décrit un engourdissement du clitoris ? », s’interroge Camille Tallet. « C’est tout simplement méconnaître et renier l’anatomie et sexualité féminine pour en plus nommer les choses de façon inadaptée, et très anxiogène » pour les femmes, dont le corps accuse déjà son lot de tabous et de préjugés entre la survenue des règles, l’atteinte de l’orgasme ou la masturbation féminine. Petit rappel donc côté anatomie : « le clitoris est bien extériorisé au niveau de la vulve et intériorisé à l’entrée du vagin. »

Ne pas diaboliser le vibromasseur

Autre point démontrant le caractère totalement mythique du syndrome du vagin mort : « il n’a jamais été rapporté que l’usage d’un sextoy puisse engourdir chroniquement les fibres nerveuses terminales du clitoris. » Aucune raison donc « de diaboliser le vibromasseur ».

« Ce qui est possible en revanche, c’est que les fibres nerveuses sensitives terminales du clitoris soient sur-stimulés après un contact un peu long ou tonique ou si la lubrification manque. Cette sur-stimulation des fibres peut créer un engourdissement passager. Et cette situation peut bloquer l’atteinte de l’orgasme pendant un tout petit moment », décrit Camille Tallet. « Mais elle peut tout à fait arriver avec une stimulation digitale, et en aucun cas on ne parle de souffrance ou de gène pérenne. Cette réaction transitoire qui ne dure que quelques minutes est totalement normale et physiologique. »

Ainsi, dans la pratique, « aucune femme ne vient en consultation pour décrire ce genre de ressenti ». En revanche, « je vois des patientes qui rapportent à l’inverse une hypersensibilité clitoridienne qui tend à les gêner au quotidien ».

  • Source : Interview de Camille Tallet, sage-femme ostéopathe à Lyon, le 2 février 2022

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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