Le VIH indétectable après une greffe : un cas exceptionnel en Allemagne

16 décembre 2010

Un séropositif ‘débarrassé’ du VIH ? L’information fait rêver. Un patient américain, ayant subi une greffe de moelle osseuse pour une leucémie, ne présente plus aucune trace du virus ! Même dans ses cellules réservoirs. Plusieurs éléments incitent toutefois à relativiser. C’est ainsi qu’on apprend que le donneur était porteur d’une mutation rare, susceptible de barrer la route au VIH. Explications.

Le patient séropositif, résidant en Allemagne, ne présente plus aucune trace du virus… depuis 3 ans et demi. Et sans traitement antirétroviral ! Soigné à l’hôpital de la Charité de Berlin, en Allemagne, il a subi une greffe de moelle osseuse en 2007. Depuis, les cellules de son système immunitaire sont saines. En tout cas, les médecins n’ont pas réussi à y détecter la présence du VIH. « C’est une observation exceptionnelle », insiste le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence nationale de recherches sur le SIDA et les hépatites virales (ANRS). « Mais elle ne résout absolument pas le problème et ne doit pas être envisagée comme un nouveau traitement du VIH/SIDA », tempère-t-il.

Un donneur hors du commun

Il est en effet utile de préciser que le donneur de moelle présentait une caractéristique exceptionnelle. Porteur d’une mutation extrêmement rare sur une des portes d’entrée du virus dans la cellule – le co-récepteur CCR5 – il était en quelque sorte protégé d’une infection à VIH. « Les médecins du patient séropositif ont eu la superbe idée de le greffer avec la moelle de ce donneur », analyse le Pr Delfraissy.

Néanmoins, le directeur de l’ANRS insiste sur l’impossibilité d’envisager une telle greffe comme un traitement du VIH/SIDA. « Il s’agit d’une opération lourde, coûteuse et qui est susceptible d’entraîner de nombreuses infections, parfois mortelles. Sans parler évidemment du risque de rejet ». Au niveau de la recherche, la piste reste néanmoins intéressante à approfondir.

  • Source : Blood, 8 décembre 2010 ; DOI 10.1182/blood-2010-09-309591 ; Interview de Jean-François Delfraissy, directeur de l'ANRS, 16 décembre 2010

Aller à la barre d’outils