Le VIH, une arme de guerre particulièrement atroce

17 août 2009

Certains jours et en certains lieux, la guerre présente un visage hideux.

Officiellement bannie par les conventions internationales, la guerre biologique connaît une utilisation atroce de la part d’armées. En Afrique par exemple, le VIH est encore souvent une arme de guerre ! « Cela va mieux maintenant nous a expliqué le Dr Tuna Lukiana (Hôpital Avicenne, Bobigny) en marge de la 5ème Conférence de l’International AIDS Society (IAS) au Cap. Mais « dans la région des Grands lacs il y a encore des épiphénomènes. »

La « guerre bactériologique » est un outil hautement civilisé. Elle a été en quelque sorte inventée en 1763 par… les troupes britanniques assiégées à Fort Pitt (Pennsylvanie) par des Indiens alliés des Français. Des couvertures ayant servi à des soldats morts de la variole avaient alors été « offertes » aux assaillants et provoqué une importante épidémie. Les méthodes ont énormément progressé, à tel point qu’une Convention des Nations-Unies interdit « le développement, la production, le stockage et (naturellement !) l’utilisation » des armes biologiques.

Mais la barbarie ne connaît pas de limites… « Avant la guerre la prévalence de l’infection à VIH au Congo ne dépassait pas 5% à 6%, » nous explique Tuna Lukiana, « Après quelques années de guerre cependant, elle atteignait 15% dans l’Est du pays. » A l’origine de cette explosion, l’utilisation par les armées voisines « du viol comme arme de guerre. Nous étions entourés de pays comme le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda où la prévalence (de l’infection) était de 25% en moyenne. Et surtout leurs armées –constituées d’hommes infectés à 70% par le VIH– utilisaient le viol comme une arme de guerre. Les filles étaient violées collectivement, devant les pères et les maris ensuite de quoi elles se cachaient et refusaient de se faire prendre en charge… »

Déclenchée au nom « de l’uranium et des diamants » présents dans la région, la guerre des Grands lacs est officiellement calmée. Mais la situation reste préoccupante et bien des factions cherchent prétexte à relancer les hostilités. Quant aux victimes civiles elles sont toujours là… et en attente de soins.

  • Source : de nos envoyés spéciaux à la 5ème conférence de l’IAS, Le Cap, 19-22 juillet 2009 ; interview du Dr Tuna Lukiana, 21 juillet 2009.

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