L’eau, polluée, gaspillée, cher payée

17 octobre 2017

Suite à la publication de sa dernière étude sur la qualité de l’eau en France, l’association UFC-Que Choisir lance une pétition pour réclamer une réforme en profondeur de la politique dans ce domaine. Ce sont les constats alarmants rendus publics par l’association de consommateurs. Toujours plus polluée, la ressource aquatique potable se réduit comme peau de chagrin.

Le bilan est « catastrophique » selon UFC-Que Choisir. Des « décennies d’agriculture productiviste », associées à « l’inaction des pouvoirs publics » produisent aujourd’hui « des conséquences graves sur la ressource aquatique ». C’est à l’occasion des Etats Généraux de l’Alimentation consacrés notamment à la transition écologique de l’agriculture que l’association publie sa dernière étude sur la qualité de l’eau en France. En raison de ses constats désastreux, elle lance en parallèle une pétition intitulée S-Eau-S, Ressource aquatique –STOP à la gabegie ! Objectif, « réclamer une réforme en profondeur de la politique » en la matière.

Depuis 2005, « le bilan environnemental et économique de la politique de l’eau en France, loin de s’améliorer, est encore plus désastreux ». La pollution gagne du terrain par le biais des pesticides. Lesquels sont « massivement présents et dépassent la norme définie pour l’eau potable, dans les cours d’eau de la moitié du territoire français et dans le tiers des nappes phréatiques », note l’association. « S’agissant des nitrates, […] 43% des nappes dépassent désormais la valeur guide européenne. »

L’agriculture au banc des accusés

Quelles sont les causes de cette situation ? L’agriculture intensive est pointée du doigt par l’association. Ainsi « malgré la multiplication des plans […] nous promettant une agriculture à la fois intensive et respectueuse de l’environnement, […] les quantités d’engrais à l’origine des nitrates n’ont pas baissé en vingt ans ». Pire, « l’utilisation des pesticides a même augmenté de 18% en 5 ans ».
« Quant à l’irrigation, elle s’est particulièrement développée dans les zones les plus touchées par les restrictions d’utilisation d’eau : le Sud-Ouest, la Côte Atlantique, le Val de Loire, le Centre, la vallée du Rhône, aggravant encore la pénurie d’eau. » Pour preuve, cette année encore « la carte des restrictions d’eau de cet été (84 départements touchés dont 37 en situation de crise) se confond avec celle de l’irrigation intensive. » (voir carte ci-dessous)

Gouvernance inique ?

Pour l’UFC-Que Choisir, « compte tenu du faible nombre de sièges accordés aux ONG, les débats des instances régionales et locales censées définir la politique de l’eau en région (Agences de l’eau, Comités de bassin et Commissions Locales de l’Eau) sont trop souvent conduits en fonction des intérêts agricoles ». Résultat, « la réparation de ces dommages environnementaux reste très majoritairement financée par les consommateurs, par le biais de leur facture d’eau ». Ceux-ci paient ainsi 88% de la redevance ‘pollutions’ et 70% de la redevance ‘prélèvement’, soit 1,9 milliard d’euros par an. Tandis que « l’agriculture ne paie que la plus faible partie de ces sommes (7% de la redevance ‘pollutions’ et 4% de la redevance ‘prélèvement’) », note l’association. « En violation flagrante du principe ‘préleveur-pollueur-payeur’. »

L’UFC-Que Choisir se mobilise pour « réclamer une réforme urgente de la politique de l’eau ». Son objectif ?

  • Une rénovation en profondeur de la gouvernance dans les agences de l’eau ;
  • une stricte application du principe ‘préleveur-pollueur-payeur’ ;
  • la mise en place de véritables mesures de prévention des pollutions agricoles ;
  • une aide à la reconversion vers des cultures moins consommatrices d’eau et de pesticides ;
  • l’arrêt des ponctions de l’Etat sur le budget des agences de l’eau.
  • Source : UFC Que Choisir, 17 octobre 2017

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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