L’électrosensibilité, un vrai handicap… selon la justice

26 août 2015

La justice française vient de rendre un jugement reconnaissant l’électrosensibilité comme un handicap. Concrètement, le Tribunal du Contentieux de l’Incapacité de Toulouse donne raison à une plaignante « souffrant d’une hypersensibilité aux ondes électromagnétiques » et lui donne droit à une allocation. Problème, les autorités sanitaires n’ont pas établi de lien de cause à effet entre l’exposition aux ondes et les différents symptômes décrits.

Le jugement a évalué la déficience fonctionnelle de la plaignante à 85% et a estimé qu’elle ne pouvait pas travailler. Il lui a accordé le droit à une allocation pour adulte handicapé, et ce pour trois ans, éventuellement renouvelable, en fonction de l’évolution de son handicap.

« Atteinte d’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques depuis 2010, Marine Richard (c’est le nom de la plaignante) a dû renoncer à toute activité sociale et vit retirée à l’abri des champs électromagnétiques artificiels dans les montagnes ariégeoises », explique l’association Robin des Toits, qui milite pour la sécurité sanitaire des technologies sans fil.

Pour Etienne Cendrier, son porte-parole, « il s’agit d’un grand pas en avant pour la reconnaissance de ce Syndrome d’Électro-hypersensibilité. La justice – comme souvent – est en avance sur les politiques. » Sur les politiques donc, mais aussi semble-t-il, sur les autorités sanitaires.

Pas de reconnaissance officielle

Les personnes souffrant d’électrosensibilité (ou d’hypersensibilité électromagnétique) décrivent différents symptômes inhérents à l’exposition aux ondes : symptômes dermatologiques (rougeurs, picotements et sensations de brûlure), symptômes neurasthéniques et végétatifs (fatigue, lassitude, difficultés de concentration, étourdissements, nausées, palpitations cardiaques et troubles digestifs)…

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), si elle reconnaît la réalité de ces manifestations et leur aspect invalidant, précise qu’il « n’existe ni critères diagnostiques clairs pour ce problème sanitaire, ni base scientifique permettant de relier les symptômes à une exposition aux sources de champ électromagnétique. »

En France, l’Académie nationale de médecine rejoint cette position. L’année dernière, elle s’était insurgée contre un cas similaire, à une exception près, il ne s’agissait pas d’une décision de justice. En 2014 donc, le Conseil général de l’Essonne avait accordé une aide financière à une personne électrosensible pour lui permettre d’acquérir des dispositifs anti-ondes.

La Docte assemblée était alors montée au créneau expliquant qu’en l’état actuel des connaissances, « il était impossible de déterminer si ce handicap – même si la souffrance était réelle – était bien lié à l’effet des champs électromagnétiques ». Et de citer une méta-analyse (40 études réalisées en aveugle) démontrant que « les personnes électrosensibles incriminent les ondes sans savoir faire la différence entre un émetteur de radiofréquences éteint ou allumé ».

Avant que cette décision de justice ne fasse jurisprudence, le débat risque de demeurer houleux.

  • Source : Association Robin des Toits, 25 août 2015 – Académie nationale de médecine – OMS

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon

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