L’empathie soulage la douleur
07 août 2019
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Le ressenti par rapport à une douleur est impacté par le contexte. Et en particulier par l’empathie des personnes présentes. Une équipe Inserm a levé le voile sur les mécanismes cérébraux en marche dans ce phénomène.
« Tout médecin ou infirmier sait que son comportement peut influencer le ressenti douloureux des patients. La reconnaissance de la souffrance, l’empathie peut diminuer la douleur », explique Camille Fauchon, chercheur au sein de l’équipe d’intégration centrale de la douleur chez l’Homme (NeuroPain) du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (Lyon/Saint-Etienne). C’est ce phénomène que ce scientifique et son équipe ont souhaité décrypter.
La douleur diminuée de 12%
Dans un premier temps, les chercheurs ont voulu valider le constat initial. Pour ce faire, ils ont « mimé de manière reproductible le comportement de soignants empathiques ou non, et tester l’effet sur le ressenti douloureux de volontaires sains ». Résultat, « les phrases empathiques diminuent la douleur ressentie d’environ 12% », constatent les auteurs. « C’est tout à fait significatif : certains médicaments ne font pas mieux. »
En revanche, les commentaires négatifs augmentent peu la douleur, en tout cas de manière non significative. Le chercheur attribue cela à un mécanisme de défense : les sujets se protègeraient en arrêtant d’écouter…
Les réseaux supérieurs du cerveau
Pour savoir ce qui se déroule dans le cerveau en présence de ce phénomène, les auteurs ont ensuite utilisé une IRM fonctionnelle. Des volontaires sains ont été soumis à un stimulus douloureux, tout en entendant des commentaires empathiques, neutres ou non-empathiques dans le casque audio, laissé ouvert « par inadvertance ».
Résultat, « le signal cérébral est traité par des réseaux dits supérieurs dédiés à l’attention, la mémoire autobiographique, la conscience de soi, l’exploration du contexte, etc… », indiquent les chercheurs. Ce qui « confirme qu’en modifiant le contexte par une attitude empathique, on modifie la perception douloureuse via le recrutement de réseaux cérébraux de haut niveau », conclut Camille Fauchon.
*équipe d’intégration centrale de la douleur chez l’Homme (NeuroPain) du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (Lyon/Saint-Etienne)