Les allergies peuvent s’aggraver pendant la grossesse
03 mars 2015
Les symptômes de l’allergie chez la femme enceinte n’affectent pas le bon développement du fœtus. ©Phovoir
Nausées, remontées acides, insomnies… La plupart des femmes enceintes connaissent à différents stades de la grossesse une foule de petits maux. Même s’ils sont dans la grande majorité sans gravité, ils constituent de réelles gênes susceptibles d’impacter le quotidien. C’est aussi le cas d’un autre phénomène moins connu : une possible plus grande sensibilité aux allergènes. Explications.
« Les médecins ne disposent pas de chiffres précis en la matière. Mais un grand nombre de patientes allergiques voient les symptômes de leur allergie se modifier durant la grossesse », constate le Dr Nhân Pham-ti, chef de service de l’unité d’allergologie à l’Institut Pasteur. « Chez certaines, ils diminuent de façon très notable, jusqu’à parfois se faire oublier. Mais chez d’autres, ils s’aggravent considérablement. » Plus étonnant encore, des femmes qui n’avaient jusqu’alors manifesté aucun signe se révèlent allergiques. D’autres, déjà allergiques aux acariens par exemple, développent soudainement une allergie aux poils de chat ou aux pollens. Et il n’est pas rare que ces changements perdurent après l’accouchement.
En cause ? « Les bouleversements hormonaux modifient probablement la sensibilité aux allergènes. Le stress, l’anxiété, plus fréquents pendant la grossesse, peuvent aussi jouer un rôle », explique le Dr Pham-ti. Tous les types d’allergie peuvent être concernés, mais les allergies respiratoires (rhinites allergiques, asthme) semblent plus concernées par ce phénomène.
Face à une rhinite allergique ou une poussée de boutons s’accompagnant de démangeaisons, même en se sachant déjà allergique, mieux vaut consulter. Il est essentiel d’écarter tout autre diagnostic. Une fois l’allergie confirmée, le médecin prescrira un traitement sans danger pour le fœtus. Certains antihistaminiques peuvent être pris sans risque. La Ventoline® et les traitements de fond à base de corticoïdes micro-dosés inhalés sont également autorisés. Mais durant la grossesse, mieux vaut redoubler de précaution avant de prendre tout médicament. Et demander confirmation à son médecin, son pharmacien ou au minimum consulter le site du Centre de Référence sur les Agents Tératogènes. Par ailleurs, s’il n’est pas possible d’entreprendre une désensibilisation durant la grossesse, le praticien pourra vous aider à éviter l’allergène en cause en cas de nouvelle allergie.
A noter : Même sévères, les symptômes de l’allergie chez la femme enceinte n’ont pas d’impact sur le bon développement du fœtus. Mais ils témoignent d’un terrain atopique dont le futur bébé peut lui aussi hériter. La supplémentation en vitamine D, la consommation d’acides gras et de probiotiques, associées à l’arrêt du tabac, peuvent faire diminuer ce risque.
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Source : Interview du docteur Nhân Pham-ti, chef de service de l’unité d’allergologie Institut Pasteur de Paris, le 25 février 2015
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Ecrit par : Aurélia Dubuc – Edité par : Dominique Salomon