Les armes contre la maladie évoluent plus vite que les comportements
10 août 2004
Trois Français sur quatre ignorent leur taux de cholestérol. Pourtant, si près de 9 millions d’entre nous en ont trop, 6 millions seulement se traitent. Et la plupart n’arrivent pas à revenir à un taux normal… Bref, du point de vue de la prévention des maladies cardiovasculaires nous allons droit dans le mur… les yeux bandés.
Tous les spécialistes, comme le Pr Jean Ferrières du CHU de Toulouse, tirent la sonnette d’alarme, car “par rapport à 1990, les prévisions pour 2020 font état d’une augmentation de 48% de la mortalité par maladie coronaire dans les pays développés.” Cet avenir sombre n’est pas inéluctable, si nous agissons sur la prévention cardiovasculaire. Laquelle, rappelle notre spécialiste, est fondée sur “le dépistage et le traitement de quatre facteurs de risque principaux, le tabac, l’excès de cholestérol, l’hypertension artérielle et le diabète.”
Et c’est urgent ! Les maladies cardiovasculaires font 30 fois plus de victimes que les accidents de la route, ce qui en fait la première cause de mortalité en France. Elles provoquent chaque année 170 000 décès, qu’il serait possible de réduire en cessant de fumer, en traitant le diabète et/ou l’hypertension et enfin, en luttant contre l’excès de cholestérol.
L’insécurité cardiovasculaire ? Une priorité majeure de santé publique
Or de ce côté-là, il y a du nouveau. Depuis bientôt 20 ans les médecins utilisent les statines, des médicaments qui freinent la fabrication du cholestérol par le foie. Avec des résultats de qualité, bien qu’encore insuffisants chez certains malades, et des effets indésirables notables. Ils vont bientôt disposer d’une nouvelle molécule, l’ezétimibe, le premier inhibiteur de l’absorption du cholestérol dans l’intestin.
Pourquoi ce changement ? Parce que le cholestérol est issu de deux sources principales dans l’organisme : la fabrication par le foie et l’absorption dans l’intestin ; le cholestérol de l’intestin provenant de la bile pour 70%, et de notre alimentation pour 30%. Ce nouveau médicament, par son mode d’action différent, permet de bloquer la deuxième porte d’entrée du cholestérol dans l’organisme, l’intestin. Et donc d’agir avec plus d’efficacité.
D’ailleurs, ajoute le Pr J.L. Schlienger du CHU de Strasbourg, ” des études récentes ont montré que les bénéfices obtenus sont proportionnels à la diminution du taux de cholestérol sanguin. En la matière, moins, c’est mieux. ” Alors pour ce spécialiste, c’est l’évidence. “Il faut faire feu de tout bois pour infléchir la fatalité des maladies cardiovasculaires, qui demeurent la première cause de mortalité en France “.
Nous avons des armes efficaces. Encore faut-il savoir s’en servir, et même savoir qu’on a besoin de s’en servir. Les progrès dans les traitements doivent s’accompagner d’une révolution dans les comportements. L’insécurité cardiovasculaire est aujourd’hui une priorité majeure de santé publique. A nous d’en tenir compte, en vérifiant par exemple, que nous connaissons notre propre taux de cholestérol…