Les cordes vocales : un fonctionnement au cordeau
28 février 2022
Des poumons à la bouche. Et entre les deux, de l’air et des sons ! Blotties au cœur de notre larynx, les cordes vocales constituent l’organe de la parole. Chef de service ORL à l’Hôpital Foch de Suresnes, le Pr Stéphane Hans nous détaille leur fonctionnement plutôt complexe.
Mal nommées. Les cordes vocales ne ressemblent en rien à des… cordes, que ce soit d’une guitare ou autre violon. « Nous devrions plutôt les comparer à un instrument à vent telle qu’une flûte », suggère le Pr Hans, par ailleurs président de la Société française de phoniatrie et de laryngologie. Elles prennent l’apparence d’un pli, comme le montre l’appellation anglo-saxonne vocal fold. « Il s’agit donc de plis, situés dans un tube, le larynx », reprend le médecin : « un pli à droite et un à gauche. Les cordes vocales sont en fait des muscles ».
Complexité. Nos cordes vocales sont recouvertes d’un ligament, sur lequel se trouve une muqueuse. « Ce ligament vocal présente la particularité d’avoir une densité spécifique en protéines, si bien que la muqueuse est quasiment indépendante du ligament vocal ». Lors du passage de l’air, cette différence de densité permet ainsi à la muqueuse de vibrer sur le ligament. Le Pr Hans décrit « une ondulation à l’image des vagues dans l’océan ».
Cette vibration se caractérise par son étonnante complexité : « lorsque l’on parle et donc que l’on expire, elle a lieu d’arrière en avant sur les cordes mais aussi de bas en haut, en lien cette fois-ci avec la pression sous-glottique ». Autrement dit, la pression située en-dessous de la glotte. Il poursuit : « donc deux mouvements sachant en plus que les cordes vocales s’ouvrent et se ferment au passage de l’air. Au final, nous sommes face à un mouvement tridimensionnel si complexe que les chercheurs ne sont pas encore parvenus à le modéliser » ! Une complexité qui concerne également « l’innervation très spécifique de ce muscle vocal, différentes des autres muscles », ajoute-t-il.
Jusqu’à la voix… La voix est obtenue par la vibration des cordes vocales dans le larynx. « Si l’on dispose un microphone sur le larynx, nous entendons juste des vibrations à certaines fréquences, selon que l’on est un homme ou une femme », enchaîne Stéphane Hans. Ensuite, « ce qui fait que nous allons émettre des voyelles ou des consonnes se joue au-dessus des cordes vocales, dans ce qui est appelé les cavités de résonnance ». Il prend l’exemple des cavités naso-sinusiennes : « le ’an’ de ‘maman’ est nasalisé : l’air passe derrière le voile du palais, rentre dans le nez, avant de sortir par la bouche ». Mais ce n’est pas tout puisque nous parvenons à distinguer les syllabes grâce aux « articulateurs » dont le plus connu est la langue. « C’est sa position dans notre bouche qui fait que nous distinguons les sons, les lettres », conclut le Pr Hans.
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Source : Interview du Pr Stéphane Hans, 24 février 2022
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet