Les cousins, une relation privilégiée

09 juillet 2020

Ni des frères, ni des sœurs, pas vraiment des copains, les cousins occupent une place bien particulière dans le cœur de vos bambins. Comment l’expliquer ? 

On ne choisit pas sa famille. Entre fratrie, oncles, tantes et cousins, nous sommes par essence « unis pour la vie », ne serait-ce que par les liens du sang. Est-ce pour cette raison que le lien entre cousin s’avère bien particulier, parfois à la limite d’une complicité entre frères et sœurs ?

Selon Andy Arleo et Julie Delalande dans l’ouvrage « Cultures enfantines », les relations entre cousins nourrissent les pratiques de la découverte liée au jeune âge. C’est-à-dire « les savoirs et les pratiques culturels propres aux enfants, produits par eux ou pour eux » comme le jeu, le langage, l’imagination, la curiosité, les vêtements. 

Une fratrie de substitution ?

Comme l’écrivait le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott, « la fratrie a un rôle déterminant dans l’épanouissement de l’enfant ». Notamment au niveau de la gestion des émotions : le rapport au jeu, à la frustration, à la comparaison, à la confiance en soi. Pour les enfants uniques – mais pas seulement – les cousins peuvent faire office de fratrie de substitution.

En cas d’écart d’âge entre cousins, des équivalents de relation aîné/cadet peuvent ainsi bénéficier au développement des petits n’ayant ni frère ni sœur. Il s’agit d’accorder une « grande importance aux relations (…) qui fortifient le moi », décrit Donald Winnicott. Dans l’ouvrage « Psychanalystes d’aujourd’hui », nous apprenons que ce dernier a d’ailleurs grandit dans une maison où la présence des cousins constituait un bon rempart contre la solitude. 

Et les conflits alors…

Parfois, la proximité des frères et sœurs adultes influe sur la complicité des petits. Plus les parents vont partager de moments ensemble, plus les enfants seront amenés à échanger. Souvent, la relation entre cousins est pacifique. Ce qui n’empêche pas les querelles. 

Bien sûr, les conflits plus sérieux voire les incompatibilités n’épargnent pas les cousins. Dans l’idéal, l’idée est d’exprimer ce qui ne va pas, avec l’aide des parents si nécessaire. Et que faire en cas de crise majeure, notamment si une dispute d’adulte contribue à la mauvaise entente entre les cousins ? Le dénouement entre adultes, souvent précédé de montées dans les tours et/ou de phases de silence total, peut arranger la situation entre les plus jeunes. Parfois les plus jeunes gardent contact même si le conflit des parents perdure. 

Au centre de ce sujet, les liens et les transmissions entre les générations. La relation entre cousins traduit « l’inscription des enfants dans la chaîne des générations, la place et la fonction qu’ils y occupent et la manière dont, à leur tour, ils la poursuivront ».

A noter : pour aller plus loin dans l’accompagnement des enfants dans la gestion des conflits familiaux, direction l’ouvrage « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent », d’Adele Faber et d’Elaine Mazlish. 

  • Source : https://www.laurencepernoud.com/ - « Psychanalystes d’aujourd’hui », Deney Ribas, Edition Puf, 2003, 128 pages, 14 euros – « Vie psychique de la famille », Régine Scelles, Edition Eres, 2010, 288 pages, 17,99 euros - « Cultures enfantines », Andy Arleo et Julie Delalande, Presses Universitaires de Rennes, 2011 - Adele Faber et Elaine Mazlish, Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, Éd. du Phare, 2012.

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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