Les différences culturelles peuvent tuer, aussi

11 octobre 2006

Elles sont à peine 45% des Françaises de 50 à 74 ans à participer aux campagnes de dépistage organisé du cancer du sein. Pour le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, « c’est insuffisant. Car trop de femmes sont encore exclues de ce dépistage ».

« L’objectif », a-t-il poursuivi lors d’une table ronde organisée au Sénat par la Fédération nationale des comités féminins pour le dépistage des cancers et le Comité féminin de Paris pour le dépistage du cancer du sein, « c’est de parvenir à 70% de femmes dépistées. Pour cela, nous devons nous poser les bonnes questions : pourquoi de nombreuses femmes hésitent-elles à se soumettre au dépistage ? Nos messages sont-ils bien compris ? Pourquoi la participation est-elle si différente selon les catégories de Françaises… ? »

Pour Monique de Saint-Jean, Présidente de la Fédération, les critères qui entrent en ligne de compte sont divers. « Certaines femmes disent ne pas être informées. Ou alors, elles considèrent qu’il s’agit d’un problème superflu, mineur, tandis que d’autres ne comprennent pas les modalités de l’examen ». C’est pourquoi malgré l’envoi d’un courrier à toutes les femmes concernées, l’action associative sur le terrain est primordiale.

Par exemple en Seine-Saint-Denis, où seulement une femme sur trois parmi toutes celles à qui un dépistage a été proposé en 2005, y a participé. Peur, incompréhension, pression culturelle… « Il existe des freins, il faut les identifier », a insisté Christophe Debeugny, Directeur du dépistage des cancers en Seine-Saint-Denis. Avec son équipe, il a recueilli à travers un film le témoignage de plusieurs femmes d’origines étrangères. « Avant de faire la mammographie, mon mari me demandait comment se déroulait l’examen, si le médecin allait me toucher les seins », explique une femme. Il y a celles aussi, bien sûr, qui avouent avoir « peur de savoir ».

« Auprès de ces femmes, nous nous sommes rendus compte que la communication orale était bien plus efficace que l’écrit », a-t-il souligné. « Nous devons nous rendre près d’elles, leur expliquer, leur donner confiance », a conclu Monique de Saint-Jean. Un investissement quotidien…

  • Source : Table-ronde au Sénat, 9 octobre 2006

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