Les dommages collatéraux de l’AVC
13 décembre 2005
Vie de couple bouleversée, baisse des revenus, perte d’autonomie… Un accident vasculaire cérébral (AVC) entraîne toujours un retentissement familial considérable. C’est ce que confirment les résultats d’une enquête menée par Pierre Aïach, sociologue, directeur de recherche honoraire à l’INSERM.
Il a conduit son travail auprès de 251 personnes qui avaient eu un AVC. Au total, 1003 personnes ont été interrogées : patients, parents, enfants, frères ou soeurs, proches. Si “l’amour” et “l’affection” sont les sentiments qui dominent, des mots comme “angoisse“, “peur“, “tristesse“, “dépression“, “injustice” et même “honte” ou “colère” reviennent régulièrement dans la bouche des proches.
D’une manière générale, “le retentissement familial mais aussi social (de l’accident) est fonction de la gravité de l’AVC” explique Pierre Aïach. Ainsi les conséquences seront-elles plus importantes en cas d’aphasie. Car la perte, partielle ou totale, du langage produit des effets en profondeur. D’autant que l’aphasie peut être associée à d’autres handicaps comme l’hémiplégie.
Au total, 42% des conjoints d’aphasiques estiment que l’AVC a sonné la fin des projets du couple. Et comme dans tout événement douloureux, il peut s’en suivre une crise, des conflits, voire des ruptures, ou au contraire un renforcement des liens. “La réaction du conjoint va notamment dépendre du contexte dans lequel le couple évoluait antérieurement à l’accident“, poursuit l’auteur.
C’est sur le plan psychologique que “c’est le plus difficile” explique la majorité des interrogés. Qu’il s’agisse des conjoints donc mais aussi des enfants, même si là encore la réaction est fonction de l’âge. D’une manière générale toutefois, l’auteur observe une diminution, voire une perte d’autorité vis-à-vis des enfants, “que la victime soit le père ou la mère“.
Dans une famille sur deux, les revenus baissent…
Outre les répercussions psychologiques, les conséquences financières pour la famille sont réelles. D’après cette enquête, plus d’une victime d’AVC sur trois a perdu son emploi ! Une sur cinq a été déclarée en invalidité totale et définitive. Quant à la reprise éventuelle de l’activité, elle est le plus souvent accompagnée d’un sentiment de “dévalorisation“. Dans l’ensemble, une famille sur deux a enregistré une baisse de son revenu. Dans la moitié des ménages enfin, le logement a dû être réaménagé. Mais les obstacles pour accéder à l’habitation perdurent dans de nombreux cas, faute d’ascenseur par exemple.
L’AVC représente donc un drame pour toute la famille. Ce n’est pourtant pas une fatalité. Saviez-vous en effet que l’hypertension artérielle en est le premier facteur de risque ? Et sur lequel on peut agir directement et efficacement. De façon toute simple, grâce à un contrôle régulier de sa tension artérielle. Et en cas d’hypertension (chiffres au dessus de 14/9), par des mesures hygiénio-diététiques et un traitement de la tension avec un médicament “dont l’efficacité pour réduire le risque d’AVC a été démontrée.”