Les femmes au cœur du risque cardiovasculaire
08 mars 2016
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A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) fait le point sur la santé cardiovasculaire féminine. Les rédacteurs évoquent de profondes lacunes dans le diagnostic et la prise en charge de ces affections. Décryptage.
L’Institut de Veille sanitaire (InVS) constate une aggravation significative ces cinq dernières années, du nombre d’hospitalisations pour infarctus du myocarde. Notamment chez les plus jeunes femmes. C’est bien simple, ce dernier a connu une hausse chez les 45-54 ans de 3% par an entre 2002 et 2008, contre près de 5% entre 2009 et 2013. Seule bonne nouvelle, la tendance est inverse chez les plus de 65 ans.
Dans l’éditorial du dernier BEH, le Pr Claire Mounier-Vehier, présidente de la Fédération française de Cardiologie (FFC) estime plus que nécessaire « de bouleverser nos cultures sociétales qui considèrent encore que les femmes jeunes sont protégées des maladies cardiovasculaires par leurs hormones ». Selon elle, « il est au contraire nécessaire d’engager rapidement des actions marquantes de prévention et d’information auprès des femmes et des professionnels de santé ».
Cela relève même d’une urgence tant l’épidémiologie cardiovasculaire des femmes est aujourd’hui préoccupante. Ceci s’explique notamment par l’évolution de leur mode de vie avec l’adoption, depuis 30 ans des mêmes comportements à risque que les hommes : tabagisme, alcool, mauvaises habitudes alimentaires. Au-delà des comportements, les femmes sont de plus en plus exposées à des facteurs hormonaux spécifiques, tout au long de la vie :
- Contraception avec présence d’œstrogènes de synthèse reconnus comme facteur de risque de maladies cardiovasculaires ;
- Grossesse avec des risques thrombotique, vasculaire et métabolique ;
- Ménopause, avec sa phase de transition vasculaire et métabolique.
Une prise en charge déficiente ?
Claire Mounier-Vehier évoque également « une prise en charge moins bonne que pour les hommes ». Avec déjà un dépistage plus tardif voire incomplet. Elle pointe également du doigt, « un délai d’appel au 15 plus long, l’insuffisance de prescription des traitements médicamenteux… »
Dans ce contexte, elle appelle à une intensification de l’information sur les risques cardiovasculaires associés à la vie hormonale des femmes. Mais pas seulement. « Nous devons les inciter à adopter un mode de vie plus sain : jamais la première cigarette, une activité physique régulière, une alimentation équilibrée, un stress mieux géré… »
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Source : BEH, 7-8, 8 mars 2016
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Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon